Ces cinq dernières années, le Conseil de l'ordre des médecins de la région de Annaba (Comra) a eu à traiter 29 plaintes de patients ou parents de patients affirmant avoir été victimes d'un préjudice physique ou moral, conséquence d'une erreur médicale commise par un praticien. Le nombre est jugé assez important par le professeur Ayadi, président du Comra, qui estime utile de s'attarder sur cette question à travers l'entretien qu'il nous a accordé. On parle de plus en plus d'erreurs médicales qui auraient été commises ces dernières années. Les plaintes, dont on n'entendait jamais parler les précédentes années, se sont multipliées ces dernières années. Qu'en est-il de leur prise en charge ? En tant que Conseil de l'ordre des médecins, nous instruisons toutes les plaintes des personnes affirmant avoir été victimes d'une erreur médicale. Nous n'avons d'autres prérogatives que l'instruction médicale du dossier. C'est-à-dire solliciter des experts médicaux extra-muros pour déterminer avec exactitude si l'erreur médicale existe réellement et qu'elle est prouvée. Nous avons instruits plusieurs dossiers depuis notre création en 1998. Deux erreurs médicales ont été prouvées et leurs auteurs sanctionnés. Saisie par la victime ou ses représentants, la justice avec laquelle nous travaillons en étroite collaboration est en mesure de solliciter notre institution pour infirmer ou confirmer l'erreur médicale. Je dois dire que la procédure demande plusieurs années. Je cite à titre d'exemple une plainte déposée en 2004 sur une erreur médicale à la clinique pédiatrique de St Thérèse, Annaba. Ce n'est qu'en 2006 que nous avons été saisis par la justice vers laquelle s'orientent systématiquement ceux qui se disent victimes. Existe-t-il une réelle coordination justice/Comra à même de permettre à ce dernier de suivre une sanction pénale pour erreur médiale ? La coordination s'impose d'elle-même aux deux institutions. La sanction pénale entraîne systématiquement celle du Comra. Elle est proportionnelle à la faute commise. A ce jour, nous avons eu à avertir un confrère et à décider de la fermeture du cabinet d'un autre. Le Comra peut-il évaluer le préjudice commis à la suite d'une erreur médicale et estimer le niveau de dédommagement ? Nous n'avons pas cette compétence. Seule la justice est à même de décider du niveau de dédommagement. Je dois préciser qu'en matière de procédure pénale, il appartient au médecin de prouver qu'il n'a pas commis un acte médical préjudiciable à l'état de santé de son patient. Depuis la création du Conseil de l'ordre des médecins pour la région de Annaba, combien de plaintes avez-vous eu à traiter ? Comme je l'ai déjà dit, il n'existe pas encore une culture allant dans le sens du contact des patients avec notre institution. Il faut que le citoyen sache qu'il peut saisir notre conseil pour tout acte médical qu'il jugera anormal. En tout état de cause, depuis 1998, date de la création de notre conseil à ce jour, nous avons enregistré 29 plaintes au plan régional dont 28 pour la seule wilaya de Annaba. La 29e provient de la wilaya d'El Tarf. C'est dire que les citoyens commencent à prendre conscience du rôle que peut jouer le Conseil de l'ordre des médecins en matière d'erreur médicale. Je dois, cependant, dire que le rôle de notre institution est très important dans le domaine des aspirations médicales d'un côté comme de l'autre de la barrière. C'est justement ce rôle qui pourrait nous permettre d'éviter la multiplication des erreurs médicales en organisant des rencontres du genre. La table ronde que nous allons oraganiser traite justement des réalités et des perspectives des ordres médicaux.