Quelques nouvelles hausses dans les tarifs des assurances automobile. La SAA promet, en revanche, d'améliorer ses prestations mais surtout réduire les délais de règlement des sinistres. - On vient d'annoncer une hausse de 20% des tarifs d'assurance d'ici 2018. Peut-on savoir qui va-t-elle toucher et est-ce que cette hausse sera accompagnée par des efforts en matière d'offres ? Effectivement, une hausse du tarif assurance automobile vient d'être décidée par l'autorité compétente. Seulement, il convient de préciser que cette augmentation ne concernera que la garantie «Responsabilité civile» et se fera graduellement sur deux ans, à raison de 5% par semestre, à compter de janvier 2017. Cette légère hausse contribuera, un tant soit peu, à réduire, concernant cette garantie, le Gap entre les primes générées et la sinistralité enregistrée, cela ne manquera pas d'encourager les assureurs à poursuivre leurs efforts, en vue d'aboutir à des solutions et mécanismes permettant d'améliorer, substantiellement, les délais de paiement des dossiers déclarés au titre de la RC automobile. - Le paiement en ligne est aujourd'hui possible pour les clients d'Algérie Poste et une dizaine de banques. Que prévoit la SAA pour se joindre à cette dynamique ? Y aurait-il des services lancés en direction de sa clientèle (entreprises ou particuliers) ? Effectivement, le secteur des assurances est partie prenante du lancement de l'e-paiement. A la SAA, le projet de mise en place de ce service est bien engagé, il sera opérationnel courant 2017, nos clients pourront ainsi payer en ligne certaines assurances, telles que la multirisque habitation et l'assurance des catastrophes naturelles. Notre filiale Amana est déjà en train de commercialiser l'assurance voyage à l'étranger en utilisant ce mode de paiement. Parallèlement, notre société a lancé en 2016 un certain nombre de projets entrant dans le cadre d'un vaste programme de modernisation de sa gestion par l'utilisation des technologies de l'information. Nos agences recevront, bientôt, de nos centres d'expertise les rapports d'accident via le net ; ce qui contribuera fortement à réduire les délais de règlement des sinistres et améliorera nos prestations et gestion. Comme perspective, notre société s'emploie à créer des plateformes régionales de traitement des sinistres, avec pour objectif d'accélérer le paiement des dossiers, mais également de décharger nos points de vente des tâches administratives redondantes pour leur permettre de se consacrer, pleinement, à leurs missions de développement du portefeuille et de conseil à la clientèle. - Etes-vous d'accord pour dire que la majorité des clients particuliers se plaignent des retards des indemnisations de leur agence d'assurance. Y a-t-il des efforts pour améliorer ce volet ? Les difficultés que rencontrent les assurés en termes de remboursement de leurs sinistres automobile sont, malheureusement, une réalité. Pour expliquer ce phénomène, il faut revenir à l'histoire du secteur des assurances. Le secteur a fonctionné pendant des décennies dans un système fermé et monopolisé. La SAA avait le monopole des assurances de l'automobile et des risques simples. Fonctionner dans un monopole fait naître des comportements pas souvent positifs, et le marché a donc souffert de cela et même après son ouverture en 1995, aux capitaux privés, l'amélioration souhaitée n'a pas été au rendez-vous, dès lors que la concurrence s'est faite et continue de se faire sur les prix au lieu de l'amélioration de l'offre et de la prestation de services. - Le retard que vous soulevez est plutôt enregistré dans la branche automobile. Pourquoi ? Au-delà des raisons évoquées, il faut tempérer la chose et dire qu'il s'agit seulement de la partie des sinistres correspondant à la garantie obligatoire «responsabilité civile». Bon nombre de nos concitoyens limitent, et pour diverses raisons, leur couverture à ce qui est obligatoire. Le règlement des sinistres frappant cette garantie obéit, pour le moment, à un schéma qui consiste pour une société d'assurance de n'indemniser son assuré que lorsqu'elle récupère l'indemnité de l'assureur du responsable de l'accident «partie fautive». Tous les problèmes viennent de là. Les sociétés d'assurance se retrouvent, souvent, en désaccord sur les responsabilités encourues, car les assurés s'adonnent parfois à des déclarations contradictoires sur les circonstances de l'accident. Depuis 2011, les sociétés d'assurance se sont attelées à résoudre cette problématique par un accord qui a permis jusque-là la liquidation de l'ensemble des sinistres en suspens de 2012 et antérieur. A ce titre, les assurés peuvent se présenter chacun au niveau de son agence d'assurance pour récupérer leur indemnité. Jusqu'à 2012, plus de trois milliards de dinars ont été déboursés par les assureurs, correspondant à 78 000 dossiers assainis sous l'égide de l'UAR. Le travail se poursuit pour régler les dossiers des années restantes. Parallèlement, les sociétés d'assurance travaillent pour arriver à un accord global, qui se fixe des mécanismes opposables à tout le monde, avec pour objectif de permettre à chaque assuré d'être indemnisé, suite à un sinistre dans des délais raisonnables, et fera son affaire de recours contre la société d'assurance débitrice. - Donc, le grand problème est surtout l'absence de coordination entre les différentes compagnies d'assurance ? Il n'y a pas que l'absence de coordination, il y a aussi l'attitude des assurés comme je vous l'ai dit. Même si j'admets volontiers que les sociétés d'assurance sont appelées à redoubler d'efforts pour venir à bout de la problématique du paiement des sinistres, car il y va de leur propre intérêt, mais les assurés ont également un grand rôle à jouer. Aucune procédure ou accord entre les compagnies d'assurance ne réussira si les assurés n'acceptent pas de jouer le jeu en procédant à la signature contradictoire d'une seule et même déclaration en cas d'accident. Un travail de communication est en préparation pour sensibiliser les gens dans ce sens. Dans certains pays, les déclarations d'accident sont établies par des sociétés spécialisées, qui interviennent en toute impartialité, bien sûr. J'espère qu'on y arrivera un jour. - Nous avons aussi l'impression que l'assurance habitation n'est pas très souscrite. Comment comptez-vous changer cela ? Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que les assurances habitation sont loin d'être développées, malheureusement. Les raisons sont multiples. S'agissant de l'assurance habitation contre les risques d'incendie et risques divers non catastrophiques, leur non- développement est surtout dû à l'absence d'une véritable culture d'assurance, mais également à l'absence de communication des acteurs de l'assurance. L'organisation sociale et la solidarité qui caractérisent notre société sont autant de facteurs ayant réduit le besoin de protection chez nos concitoyens et contribué ainsi au sous–développement des assurances volontaires, de manière générale. Pour ne pas rester pessimiste, je dirai que le secteur des assurances commence à s'organiser afin de rattraper le retard dans ce domaine. La conjoncture actuelle peut constituer un facteur stimulant pour les assureurs, dans le sens où ces deniers sont obligés de faire preuve d'imagination et surtout d'innovation en termes de produits et de stratégie commerciale pour espérer maintenir leur croissance et leur rentabilité. Concernant les assurances Cat Nat, le problème est différent. Après le séisme de 2003, un dispositif d'assurance contre les catastrophes naturelles a été mis en place par les pouvoirs publics. Tout propriétaire de bien immobilier a l'obligation de l'assurer contre les effets des catastrophes. Treize années après, on se rend compte que moins de 10% du parc immobilier national est couvert. Même si l'intervention des pouvoirs publics dans la prise en charge des citoyens, suite à un événement de catastrophe naturelle, est à percevoir comme une action positive, il n'en demeure pas moins que type d'intervention n'incite pas les citoyens à se départir de l'assistanat pour aller se couvrir volontairement contre ces risques catastrophiques. A mon sens, le système d'assurance mis en place doit fonctionner d'abord avant toute intervention de l'Etat. Des campagnes de communication doivent se faire dans ce sens pour sensibiliser les propriétaires de biens. Je rappelle que cette assurance est offerte à des prix tout à fait raisonnables. A titre d'exemple, pour assurer un appartement F3 ou F4, l'assuré ne paye qu'environ 3000 à 4000 DA/ an.