Le navire FLN tangue dangereusement et personne ne sait jusqu'où iront les remous, alors que le parti est engagé dans la mise en place des commissions de wilaya pour la collecte des candidatures. La cacophonie qui a régné à Bouira en présence d'Ahmed Boumehdi (membre du bureau politique du FLN) en est la parfaite illustration. Venu expliquer les procédures réglementaires pour le dépôt des candidatures, le chargé des élus du Centre s'est retrouvé englué dans les spécificités locales. En effet, en 2010, Amar Saadani avait décidé d'installer des secrétaires généraux de kasma, alors que ceux qui étaient en place depuis l'ère Abdelaziz Belkhadem refusaient de se soumettre à cette décision. Conséquence : plusieurs kasmas fonctionnent avec deux secrétaires généraux. Pour les militants de Bouira, cette situation risque d'être explosive lors du rejet des candidatures. Face à la bronca, M. Boumehdi a préféré quitter la salle. «Le parti est divisé, reconnaît un cadre du FLN. Djamel Ould Abbès ne connaît rien au parti, car il n'a jamais été un militant de la base.» Depuis son arrivée à la tête du parti le 22 octobre 2016, le chef du FLN tâtonne. Adepte des déclarations tonitruantes, Djamel Ould Abbès n'en est plus à une contradiction près. C'est le cas de sa position sur l'argent sale qui gangrène le parti. Si dans un premier temps, il s'était engagé à barrer la route à cette pratique — «Je jure que les personnes qui utilisent l'argent sale (chkara) pour un siège au Parlement ne passeront pas», a-t-il déclaré lors de son déplacement à Blida le 19 janvier —, il a depuis quelques jours entrouvert la porte à des candidatures de ceux-là mêmes qu'il veut combattre, mais «sous certaines conditions». En réalité, personne ne sait ce que veut le patron du parti. Enfermé dans sa tour d'ivoire, il ne fait confiance qu'à certains responsables, dont la plupart étaient déjà en place lorsque l'ancien secrétaire général dirigeait le parti. C'est le cas de son directeur de cabinet Fodil Saâdeddine, accusé de filtrer les demandes d'audience et de protéger certains mouhafedhs en bloquant les rapports qui les touchent. L'homme jouit de la confiance de Djamel Ould Abbès, qui lui a renouvelé son attachement lors d'une réunion du BP, alors que plusieurs voix demandaient son limogeage. L'autre homme de base dans la galaxie Ould Abbès est Abou El Fadl Baadji (membre du BP en charge des relations avec les partis). L'ancien directeur de cabinet de Tayeb Belaïz au ministère de la Justice avait rejoint Saadani au FLN comme chargé des contentieux. Depuis l'installation du nouveau secrétaire général, il est accusé de faire la pluie et le beau temps au parti. Pour le moment, les autres membres du bureau politique encaissent sans broncher les nombreuses rebuffades du secrétaire général, car tous espèrent figurer en position d'éligibilité pour les législatives. «Personne ne bronche, car tous veulent être députés. Les choses changeront lors de la divulgation des listes de candidatures. Les recalés vont faire parler d'eux et les attaques contre Ould Abbès seront très violentes», prédit un ancien membre du BP.