Alors que les cours pétroliers remontent légèrement la pente depuis le début de l'année, 2017 restera difficile pour les finances publiques, estime la Coface dans son rapport «Risques pays 2017». De l'avis de cet organisme français d'assurance-crédit, la légère augmentation du prix du pétrole attendue en 2017 «ne suffirait pas à faire baisser la pression sur les finances publiques et les exportations, qui continuerait à peser sur l'environnement macroéconomique national». Après deux années et demie de dégringolade des cours du brut, il n'est pas sûr que les finances publiques reviennent de sitôt à une situation d'équilibre tant il est vrai que les dégâts sur les positions financières du pays ne sont pas des moindres. Fente spectaculaire des réserves de change, fin de vie annoncée du Fonds de régulation des recettes, déficit budgétaire abyssal, creusement du déficit de la balance des paiements et du déficit commercial… face à de telles vulnérabilités, une inversion de la tendance sous l'effet d'une reprise fragile des prix du pétrole est peu probable. Quant aux réponses austères apportées par le gouvernement à la crise, la Coface craint un effet retour de manivelle avec, comme dommages collatéraux, le retour des fièvres inflationnistes, l'érosion du pouvoir d'achat des ménages et l'aggravation du coût social de la crise. Au plan de la croissance, la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur fait observer que face à un risque de ralentissement «prolongé» suite à une baisse des investissements en capital, les autorités algériennes avaient, en outre, maintenu les dépenses sociales et une réforme de la fiscalité des entreprises du secteur privé. «Les mesures d'austérité annoncées en 2017 devraient cependant conduire à une nette décélération de l'activité, mais le gouvernement prévoit dans le même temps de lancer un plan de diversification économique sur la période 2016-2019.» En 2016, la Coface a indiqué que l'économie hors pétrole a certes présenté des signes de ralentissement, mais ils concernent principalement le secteur manufacturier et le secteur public. Les services et les secteurs liés à la consommation sont quant à eux restés «dynamiques», a estimé la Coface, qui a constaté que les dépenses des ménages sont restées «soutenues en partie grâce au maintien des subventions hors énergie». Durant le précédent exercice, le secteur pétrolier a connu également une croissance «positive» comparativement à 2015 «en dépit de la baisse du PIB pétrolier nominal», note la Coface. Dans son analyse des risques et prévisions sur 160 pays, publiée lors d'un colloque organisé hier à Paris, la Coface classe l'Algérie dans la catégorie C — où le risque d'impayés des entreprises est élevé — et dans la catégorie B en matière d'environnement des affaires où la fiabilité et la disponibilité des bilans d'entreprises sont «très variables», alors que dans le précédent rapport, elle était dans la catégorie B avec un risque «assez faible».