Les eaux pluviales s'infiltrent à travers plusieurs habitations situées en haut de la Rampe et menacent de fragiliser davantage toute la structure. Le patrimoine architectural de la vieille ville de Béjaïa se meurt à petit feu et les autorités ne semblent pas s'inquiéter outre mesure par ce phénomène qui ronge en silence des dizaines de constructions. La Rampe du port, sise dans l'arrière-port, en bas de la place Gueydon, est l'exemple du manque de volonté des pouvoirs publics de prendre sérieusement en main le dossier, pourtant urgent, de réhabilitation des infrastructures patrimoniales anciennes. Les dernières intempéries ont été une occasion de plus pour remettre au jour le danger qui guette cette infrastructure datant de l'ère coloniale, qui fait office à la fois de route, d'immeuble d'habitation et de mur de soutènement des constructions qui la surplombent. D'importantes infiltrations ont été enregistrées dans plusieurs habitations à la faveur des dernières pluies qui ont arrosé généreusement la région. «Pendant une semaine, nous avons vu l'eau ruisseler à travers le plafond sans pouvoir rien faire. Au moins trois maisons, toutes situées à l'étage supérieur de la Rampe, soit directement sous la route, sont dans la même situation et il ne fait aucun doute qu'il en est de même pour beaucoup d'autres habitations des étages inférieurs. La structure s'est fragilisée avec le temps et son état va immanquablement s'aggraver avec ces eaux», relate Guelmi Sadek, habitant de la Rampe depuis 30 ans. Selon lui, cette situation, qui dure depuis des années et qui inquiète à plus d'un titre, n'est pas inconnue des autorités. «Aussi bien le wali (l'ancien wali, Ouled Salah Zitouni, ndlr) que l'APC sont au courant de la situation par le biais de l'association de quartier, mais à ce jour aucun responsable n'a daigné se pencher sur le dossier de la Rampe. Ce sont nos vies qui sont menacées et pas seulement, car si la Rampe continue à être abandonnée à son sort, c'est la route d'au-dessus et toutes les constructions adjacentes qui seront menacées», avertit Sadek. Outre des dizaines d'habitations sur plusieurs niveaux, la Rampe du port comporte des locaux commerciaux, principalement des bureaux de transit maritime, sis au rez-de-chaussée. Le toit de l'édifice, ainsi qu'une route sur laquelle roulent quotidiennement des centaines, voire des milliers de véhicules, dont des poids-lourds sont concernés. «Comment autorise-t-on à circuler des camions de gros tonnage sur le toit d'une construction datant de l'ère coloniale ? C'est inadmissible !», s'offusque notre interlocuteur, indiquant que les autorités ont été maintes fois interpellées par les habitants pour qu'elles interdisent l'accès des poids-lourds à la route de la Rampe, en vain. «Nous avons demandé à l'APC d'installer des panneaux de signalisation interdisant aux camions de rouler sur la rampe, mais rien n'est fait à ce jour», se désole Sadek, qui profite pour lancer un appel aux autorités pour qu'elles interviennent en urgence pour sauver la Rampe du port avant qu'il ne soit trop tard.