Le chef de l'Etat italien Giorgio Napoletano a annoncé, hier soir, qu'il se prononcera bientôt sur la démission du gouvernement de Romano Prodi qui, à neuf mois de son investiture, s'est retrouvé sans majorité absolue au Sénat, ce qui a entraîné une grave crise institutionnelle dans le pays. Rome. De notre correspondante Dans une déclaration prémonitoire, le ministre des Affaires étrangères italien Massimo D'Alema avait averti, mardi, les autres partis, alliés des démocrates de gauche, avec ce leitmotiv : « Si le gouvernement n'obtient pas la majorité au Sénat, on rentre chez nous. » Hier après-midi, le pire scénario s'est vérifié pour la coalition de gauche qui a remporté les élections législatives d'avril 2006. Deux voix seulement ont fait la différence et la motion portant les grandes lignes de la politique extérieure du gouvernement Prodi n'a pas été approuvée par les membres du Sénat, privant l'Exécutif de sa majorité. Des 160 voix nécessaires pour atteindre le quorum dans cette chambre du Parlement italien, seules 158 ont été exprimées en faveur du gouvernement. La droite n'en espérait pas autant pour réclamer de nouveau la démission du gouvernement Prodi. Silvio Berlusconi, leader de l'opposition et ancien président du Conseil italien, a déclaré, hier, que « Prodi doit, par cohérence politique et constitutionnelle, remettre sa démission », ajoutant : « L'Italie humiliée doit sortir de ce désastre. » La gauche au pouvoir n'ignorait pas qu'elle disposait d'un infime avantage numérique au Sénat, puisque le vote qui l'a porté au pouvoir lui a donné une avance sur la droite d'à peine 24 000 voix, mais voir le gouvernement Prodi privé de sa majorité pour une question de politique étrangère semblait une hypothèse improbable. Le président de la République italienne, qui se trouvait, hier au moment du vote de la motion de D'Alema, loin de la capitale, en visite dans la ville de Bologne (300 km de Rome), a immédiatement interrompu son voyage pour rentrer en urgence au palais présidentiel du Quirinale. Vers 19h, Napolitano a reçu l'équipe ministérielle de Prodi, qu'il a renvoyée, comme le prévoit la Constitution italienne, devant le Parlement pour un vote de confiance décisif. Soulagé à moitié, Prodi espère conforter sa majorité devant les députés. Napolitano a préféré ne pas recourir à deux autres cas de figure : charger le président du Conseil de former un gouvernement Prodi-bis, ou encore nommer une autre personnalité politique pour constituer un exécutif technique dont la mission aurait été de conduire le pays vers de nouvelles élections.