Galvanisé par l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, Israël vient d'adopter une loi légalisant la colonisation, que plus rien, y compris les lois internationales, ne semblent pouvoir arrêter. «Un très dangereux précédent», «une épaisse ligne rouge franchie», «une agression» : les réactions d'indignation ont été nombreuses après le vote, lundi, par le Parlement israélien, d'une loi permettant à l'Etat de s'approprier des centaines d'hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. Mais rien ne semble pouvoir freiner l'accélération de la colonisation, en particulier depuis l'investiture de Donald Trump, présumé bien plus favorable à Israël que son prédécesseur Barack Obama. En quelques semaines, quatre annonces de nouvelles colonisations concernant plus de 6000 nouveaux logements en Cisjordanie et à El Qods occupée ont été faites. Et ce n'est pas l'évacuation de la colonie d'Amona par les forces de sécurité israéliennes, conformément à une décision de la Cour suprême, qui pourrait faire penser le contraire. «Ce que Netanyahu a fait est un tour de passe-passe et une propagande dangereuse, il n'y a pas vraiment d'expulsion. Un petit nombre de colons sont déplacés de quelques maisons construites sur des terres privées palestiniennes vers d'autres terres palestiniennes confisquées», a déclaré Mustafa Barghouti, membre du Conseil législatif palestinien. «Il n'y a aucune différence entre Amona et d'autres colonies dans les territoires occupés. Etiqueter Amona comme ‘'un avant-poste illégal'' est la façon dont le gouvernement et les médias blanchissent le reste des colonies, comme si elles étaient, contrairement aux avant-postes, légales. Elles ne le sont pas. Pas une seule d'entre elles», a également écrit le célèbre éditorialiste de Haaretz, Gideon Levy. Annexion définitive La nouvelle loi devrait revenir à légaliser 53 colonies dites «sauvages» et à exproprier au minimum plus de 800 hectares de terres palestiniennes, selon l'organisation israélienne anticolonisation La Paix maintenant. Selon l'ONG, 131 colonies «légales» et 97 colonies «sauvages» sont disséminées en Cisjordanie. Un rapport officiel de 2005 avançait le chiffre de 105 colonies sauvages, dont 10% construites sur des terres palestiniennes privées, le reste ayant été construit sur des terres domaniales, mais sans autorisation. Ce rapport commandé par le Premier ministre, Ariel Sharon, dénonçait l'implication de l'Etat dans la construction de ces colonies. Les colonies, considérées comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens, sont aussi condamnées par les Nations unies. Le 23 décembre, l'ONU a adopté une résolution condamnant la colonisation, un vote rendu possible par la décision exceptionnelle de l'Administration Obama de ne pas opposer son veto. Benjamin Netanyahu ne s'en cache pas : après huit années de «pressions énormes», «nous sommes en face d'une chance formidable pour la sécurité et l'avenir de l'Etat d'Israël» a-t-il déclaré en promettant de lever toutes les restrictions à la colonisation à El Qods-Est. Un parti nationaliste religieux, qui fut l'un des instigateurs du projet, s'est même félicité de l'élection du président américain, Donald Trump, «sans lequel la loi ne serait probablement pas passée». Aussitôt la loi adoptée, les Palestiniens ont réclamé des sanctions. «Une telle loi signifie l'annexion définitive de la Cisjordanie», s'est alarmée la dirigeante Hanane Achraoui, appelant à des «sanctions» internationales contre Israël. Pour Benjamin Netanyahu, ce n'est pas la colonisation, mais le refus des Palestiniens d'accepter l'existence même de l'Etat d'Israël qui fait obstacle à la paix. La dernière initiative diplomatique en date, américaine, a capoté en 2014. La perspective de la création d'un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël paraît de plus en plus inaccessible. Pour rappel, pendant sa campagne, Donald Trump avait déclaré qu'Israël n'avait pas à observer une pause dans la colonisation pour faire revenir les Palestiniens à la table des négociations. «Il faut qu'ils continuent», avait-il conseillé.