L'ancienne moudjahida, Djamila Amrane, née Minne, décédée, samedi, à Alger, à l'âge de 78 ans, a été inhumée, hier, au cimetière Si M'hamed Amokrane de Béjaïa. De nombreux moudjahidine de la région, des représentants de formations politiques, des amis et voisins de la famille Amrane ont assisté à l'enterrement. Le directeur des moudjahidine a salué dans son oraison funèbre la mémoire de la défunte et l'engagement de sa famille pour l'indépendance de l'Algérie. Fille et belle-fille de militants communistes engagés dans la lutte de libération nationale (elle est la fille Jacqueline Guerroudj et belle-fille de Abdelkader Guerroudj, deux anciens condamnés à mort), Danielle Minne s'est engagée très tôt dans les rangs du FLN. En 1957, elle rejoint le réseau algérois du FLN chargé de répondre aux paras auxquels avaient été confiés par le gouvernement français, des pouvoirs spéciaux. Elle a fait partie du premier noyau des femmes choisies par la zone autonome d'Alger de poser des bombes dans certains lieux fréquentés par les européens. Arrêtée en décembre 1957, dans les maquis en compagnie d'autres moudjahidine faisant partie d'un convoi sanitaire, elle a été condamnée à sept années de prison et transférée en France après une incarcération à Barberousee. Elle a été libérée en 1962, à la faveur des accords d'Evian. A l'indépendance, elle opte pour la nationalité algérienne et épouse Rabah Amrane, un professeur de médecine, frère du chahid Khelil Amrane, son premier mari, avec lequel elle eut deux filles et un garçon. Universitaire à Alger, Danielle Minne Amrane, a dû fuir le terrorisme islamiste pour se réfugier en France au début des années 1990 où elle continua à enseigner à Toulouse jusqu'à sa retraite. Impressions : Djoudi Attoumi, ancien officier de l'ALN : Je suis abattu. Dans quelques années, il ne restera plus personne de ces vaillants libérateurs. Danielle était une femme imposante par sa simplicité et son engagement. Hasard du calendrier, le livre de Djoudi Attoumi «Femmes combattantes du FLN» est depuis hier dans les librairies. Un grand chapitre est réservé à Danielle Amrane Minne. Abdelkader Guerroudj, père adoptif de Danielle : Djamila était une femme très simple. Lorsque les soldats français l'avaient arrêtée, ils pensaient avoir affaire à Raymonde Peschard, et avaient reçu ordre de la capturer. S'ils avaient su qu'ils avaient en face d'eux une poseuse de bombes, ils l'auraient tuée sur place. Ch. Guerroudj, frère de Danielle : Elle était très souffrante ces dernières années. Mais elle tenait à passer le plus clair de son temps à Alger. Elle aimait trop fort l'Algérie.