Pour la rue palestinienne, il est clair que la nouvelle Administration américaine manifeste son alignement sur la politique de la coalition de droite et d'extrême droite formant le gouvernement israélien, même si c'est au prix du mépris du droit et de la légitimité internationaux. La solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien est désormais une politique du passé pour la nouvelle administration américaine et le président Donald Trump, totalement alignés sur les positions du gouvernement de droite israélien. En effet, à la veille de la rencontre officielle à la Maison-Blanche entre le président américain et le Premier ministre israélien, un responsable au sein de l'administration américaine a signalé une rupture avec ce principe, expliquant que dorénavant son pays n'insistera pas sur la solution à deux Etats, prônée par l'ensemble de la communauté internationale. «Une solution à deux Etats qui n'apporte pas la paix est un objectif que personne ne cherche à atteindre», a dit ce responsable sous le couvert de l'anonymat. «La paix est l'objectif, sous la forme d'une solution à deux Etats, ou quelque chose d'autre, si les parties le veulent», a-t-il ajouté. Une position qui évidemment a refroidi l'Onu, dont le secrétaire général, Antonio Guterres, a estimé que «tout» devait être fait pour préserver une solution à deux Etats. Le principe de la solution à deux Etats, vivant côte à côte en paix et en sécurité, a été adopté durant des décennies par les administrations américaines successives et par tous les présidents américains, aussi bien démocrates que républicains. Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a déclaré, hier, que la position de l'administration Trump sur la solution à deux Etats, en apparente rupture avec celle des administrations américaines précédentes pour résoudre le conflit avec Israël, n'avait «aucun sens». Dénonçant une «politique pas responsable», Hanane Achraoui a estimé qu'il est clair que l'administration américaine est en train d'essayer de satisfaire la coalition extrémiste de Netanyahu, le Premier ministre israélien. De son côté, le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis l'été 2007, a dénoncé «le jeu fourbe» de Washington visant à renforcer son rapprochement avec l'entité sioniste. Le ministère palestinien des Affaires étrangères, qui reste prudent face à ce qu'il a qualifié de «fuites médiatiques», a appelé, dans un communiqué publié hier, l'administration Trump à s'attacher à la solution à deux Etats. «Si ces fuites médiatiques s'avèrent vraies, cela signifie un succès immédiat de Netanyahu, avant même son entretien avec le président Trump, ce qui ne fera que renforcer sa situation dans ces pourparlers», a dit le ministère palestinien des Affaires étrangères. «Nous ne voulons pas anticiper et faire des déclarations au sujet d'informations non officielles. Il est nécessaire d'attendre la fin de la réunion entre les deux parties à la Maison-Blanche qui confirmera ou infirmera les fuites. Nous espérons que le président Donald Trump adoptera la solution à deux Etats et affirmera à Netanyahu la nécessité de parvenir à un accord négocié pour mettre fin à l'occupation et permettre l'établissement d'un Etat palestinien sur les frontières de 1967, avec El Qods (Jérusalem-Est) pour capitale, au côté d'Israël, vivant en paix et en sécurité, et ce avec les pays du voisinage», a conclu le communiqué. Pour la rue palestinienne, il est clair que la nouvelle administration américaine manifeste son alignement sur la politique de la coalition de droite et d'extrême droite formant le gouvernement israélien, même si c'est au prix du mépris du droit et de la légitimité internationaux. Une rupture avec le principe à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien, qui revient à donner à la partie dominante par sa suprématie militaire le droit de choisir la forme de la solution qui lui convient, sans que l'autre partie n'ait mot à dire. Les Palestiniens se demandent aujourd'hui à quoi sert l'Organisation des Nations unies (ONU) et les autres organismes internationaux, s'ils sont incapables de défendre leurs principes, leurs résolutions et la légalité internationale.