Chakib Khelil a été remis au placard, sans que l'on sache s'il va être exhibé une nouvelle fois comme «épouvantail» ou comme une carte politique sérieuse annonçant le retour en grâce de l'ancien ministre de l'Energie et même une nomination à une haute fonction de l'Etat. Car, derrière le débat actuel sur les prochaines législatives, la guerre des clans pour la succession de Bouteflika n'a pas cessé ou connu une trêve pour autant. Amar Saadani, un des soutiens du général Gaïd Salah, en a déjà fait les frais, forcé à la démission de la tête du FLN. Les prises de bec entre le patron du RND, Ahmed Ouyahia, et le nouveau secrétaire général de l'ancien parti unique, Djamel Ould Abbès, répercutées par les médias, illustrent bien cette tension qui s'exerce sur les hommes du clan présidentiel et qui a pour toile de fond le problème de la succession de l'actuel président de la République. Une question qui ne semble pas devoir se régler de sitôt, même si le rapport de force semble pencher en faveur du clan présidentiel. Le président Bouteflika, à la faveur d'une amélioration de son état de santé, aurait repris la main et gérerait directement les affaires du pays. Mais, selon d'autres «sons de cloche», la santé de Bouteflika commence au contraire à être inquiétante. Le Président ne fait plus d'apparition publique depuis quelque temps déjà, et certains dossiers «sensibles» et autres avant-projets de loi attendent depuis longtemps pour être examinés en Conseil des ministres. D'où, probablement, le suspense entretenu par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, quant à sa participation aux élections législatives à travers laquelle il pourrait s'annoncer comme un outsider potentiel à la magistrature suprême. Sellal est donc en position d'attente, tandis que huit de ses ministres se sont lancés dans la prochaine joute électorale. Ils peuvent compter figurer à l'arrivée grâce aux quotas que d'aucuns savent préétablis entre les deux formations majoritaires, le FLN et le RND. Dans ce «jeu» politique, l'ancien Premier ministre Ali Benflis et les principaux cadres de son parti d'Avant-garde des libertés ont préféré se retirer de la course, sachant pertinemment qu'ils ne peuvent même pas espérer des miettes. Les partis islamistes affichent une volonté de revenir aux avant-postes, en créant un grand rassemblement en vue des législatives. L'ambition affichée est de s'affirmer comme étant la troisième force politique du pays et donc de pouvoir briguer des postes ministériels dans le prochain gouvernement. Entre-temps, les simples citoyens subissent les aléas de la crise économique et n'accordent presque aucune importance à cette agitation sur la scène politique. Et cette indifférence dérange le pouvoir en place.