La semaine anticoloniale et antiraciste se déroule actuellement et jusqu'au 20 mars à Paris. Il s'agit d'un événement annuel organisé par le réseau Sortir du colonialisme. Ce réseau fédère des membres individuels ainsi que des organisations (associatives, politiques et syndicales) autour d'une Charte d'objectifs communs pour sortir du colonialisme. Le slogan peut paraître anachronique plus d'un demi-siècle après les indépendances des anciennes colonies. Ce serait oublier que la colonisation avance à grands pas en Palestine. Ce serait aussi ignorer toutes les nouvelles formes de domination impérialiste à l'échelle mondiale ainsi que le racisme hérité de la vision coloniale. C'est contre tous ces fléaux que tendent les efforts de ce collectif. Aujourd'hui et demain, est prévu un «salon anticolonial» à la Belleviloise avec de nombreuses table rondes autour de sujets tels que la situation des Roms en France, l'insurrection malgache ou encore le racisme anti-noir au Maghreb. Un Prix du Colonialiste sera par ailleurs décerné à la déclaration la plus révisionniste sur le sujet. Il est complété par le prix Je suis Bamboula pour la phrase la plus raciste de l'année. Cela est mené bien entendu avec un humour grinçant… Le film Retour en Algérie d'Emanuel Audrain est également en projection aujourd'hui à 11h. Le film recueille les témoignages de ces Français qui ont passé leur service militaire au milieu de la guerre d'Algérie. 50 ans plus tard, à l'heure de toucher leur retraite d'ancien combattant, certains sortent d'un long silence sur cette expérience peu glorieuse. Ils se regroupent et refusent cet argent de la guerre pour le redistribuer à des associations algériennes… Comme à chaque édition de la semaine anticoloniale et antiraciste, l'Algérie est fortement représentée et son histoire largement évoquée. Cette année une rencontre a été organisée autour de la figure de Fernand Iveton, militant communiste anticolonial guillotiné sur ordre de l'Etat français. En outre, un programme spécial est annoncé pour les soixante ans de la sortie de La Bataille d'Alger. Le film culte de Gillo Pontecorvo sera projeté et discuté. On annonce également la projection du film Maurice Audin, La disparition de François Demerlac. A signaler qu'une projection sera également organisée, le 7 mars, au Centre culturel algérien de Paris, suivie d'un débat avec l'historien Gilles Manceron et Henri Pouillot. Le 26 mars, une conférence évoquera la solidarité syndicale comme arme de lutte contre la colonisation française en Algérie. Elle sera suivie par une présentation des Algériennes du château d'Amboise, ouvrage d'Amel Chouati, sur un épisode de la vie de l'Emir Abdelkader. Le même jour, le film Algérie du possible, la révolution d'Yves Mathieu, de Viviane Candas, sera projeté en présence de la réalisatrice. Le 30 mars, le public parisien découvrira le film Mon Algérie, de Raymond Hannoun, qui raconte son vécu en Algérie durant la guerre. Dans ce film, Raymond Hannon parle des rapports entre Européens et Algériens au quotidien. Il évoque également la situation coloniale, le racisme et les élections truquées organisées par la haute administration. Enfin une exposition intitulée «Un appelé en Algérie se souvient» s'ouvrira le 20 mars pour se prolonger jusqu'au 30.