Des lacunes de gestion «dues à une lourdeur procédurale» révèlent des cumuls de salaires et de fonctions à l'université Oran 2. De son côté, le rectorat rassure et annonce un programme de formation pour corriger la situation. Une correspondance du contrôleur financier de la wilaya d'Oran datant du 29 janvier 2017, adressée aux services de l'université Oran 2 Mohamed Ben Ahmed, fait état d'un «cas de perception de salaire pour deux fonctions». Selon le document en question, un enseignant a perçu un salaire en sa qualité de vice-recteur de l'université ainsi qu'un autre salaire en sa qualité de chargé de projet de recherche. Le contrôleur financier conclut qu'il s'agit «d'un cumul de fonctions». Selon nos sources, ce cas n'est pas isolé. Nous avons contacté l'enseignant en question, le vice-recteur chargé de la coopération en l'occurrence, qui a expliqué la situation : «Il ne s'agit aucunement d'un cumul de fonctions. Il y a eu tout simplement une erreur. J'ai été installé en tant que vice-recteur de l'université Oran 2 en février 2016. Depuis cette date, je n'ai pas perçu mon indemnité pour ce poste de responsabilité, jusqu'au mois d'octobre 2016. Pendant cette période, j'ai continué à toucher mon indemnité pour le poste de responsable de projet à la faculté des sciences sociales. Par la suite, un rappel de salaire m'a été versé pour mon poste de vice-recteur pour la période de février à octobre 2016. C'est donc un trop payé classique. Nous avons découvert cette erreur et j'ai pris mes dispositions pour rembourser la valeur de l'indemnité de chargé de projet et tout est rentré dans l'ordre.» Si ce cas a été corrigé, des sources ont affirmé que d'autres proches collaborateurs du recteur connaissent la même situation. Pis encore, des cas de cumul d'indemnités existent au niveau des différentes facultés de cette université créée depuis à peine deux ans, soit après la division de l'ancienne université d'Oran. Il y a lieu de s'interroger si cette scission a révélé des lacunes ou provoqué un dysfonctionnement. En effet, les étudiants attirent l'attention sur le cas du vice- doyen de la faculté des sciences sociales, qui est chargé de la pédagogie, tout en étant directeur d'un laboratoire de recherche, et en même temps responsable de licences, responsable d'un projet de master et responsable de doctorat. Selon des affirmations relayées sur la page Facebook de l'université, l'enseignant en question toucherait des heures supplémentaires, alors que le règlement l'interdit. En effet, un responsable de projet n'a pas droit aux heures supplémentaires et un enseignant ne peut cumuler les indemnités liées à des postes de responsabilité. Face à cette situation, l'on s'interroge sur l'ampleur de la situation à l'université Oran 2 et s'il s'agit d'omissions ou de préméditations. Nos sources évoquent également le cas de «25 personnes employées par l'université et qui se sont retrouvées sans emploi, donc virées, car les postes budgétaires n'avaient pas été créés préalablement à leur recrutement». D'après nos sources, 17 personnes parmi ces travailleurs, dont des enseignants, auraient saisi la justice administrative. Interrogé sur ces cas, le recteur de l'université d'Oran 2, M. Amroun, a expliqué qu'il n'en est rien. Concernant la question du cumul d'indemnités, le recteur de l'université Oran 2 déclare : «Il s'agit d'une situation tout à fait normale. Oran 2 est une jeune université et les lourdeurs procédurales font qu'il y a des retards et des erreurs. Les procédures font que les services comptables et financiers ont du mal à communiquer.» Le recteur conforte la version du vice-recteur, tout en soutenant que «c'est lié aux formalités habituelles». En outre, il faut savoir que plusieurs enseignants n'ont pas perçu leurs indemnités et primes en temps voulu cette année, notamment les nouveaux recrutés. Le premier responsable de l'université assure que «la situation se débloque au fur et à mesure et que les dossiers sont traités soigneusement pour éviter ce genre d'erreurs et retards». Afin de remédier à la situation, le recteur d'Oran 2 a annoncé qu'«un programme de formation de perfectionnement a été mis en place et que tous les employés des différents services seront formés pour mener à bien leurs missions». Et de rassurer : «Vous savez, l'université Oran 1, soit la structure mère, a gardé les éléments les plus expérimentés. Nous avons hérité des plus jeunes, moins expérimentés, mais c'est tant mieux, car nous allons mettre en place un nouveau système et miser sur la communication et la formation. Nous sommes une équipe jeune, une université jeune et nous allons mener à bien notre projet.» En tout état de cause et malgré toute la bonne volonté du recteur de l'université Oran 2, il semble que les différentes facultés connaissent des lacunes dans la gestion des salaires et des indemnités, sans parler des bourses de stage de courte durée et autres avantages, alors que les salles de cours sont désertées et qu'un phénomène de réluctance mine les départements, les étudiants étant présents mais repoussés par les grèves, les absences et le manque d'un cadre universitaire favorable aux études et à l'épanouissement.