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«Maintenir la femme dans l'infériorité fragilise la famille» Me Anissa Belahcen Smati. Juriste auprès du réseau Wassila de défense des droits de la femme
A l'occasion de la célébration de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, deux juristes qui suivent de près les injustices et les discriminations que subissent les femmes, sous le couvert de la loi, livrent à El Watan leurs visions de la réalité juridique et sociale qui maintient la femme dans une situation d'infériorité consacrée. - Malgré les amendements promulgués en 2005, le code de la famille consacre l'inégalité entre homme et femme sur les grandes questions qui régissent la vie en communauté (mariage, divorce, tutorat, héritage...). Quels sont, d'après vous, les articles de loi les plus discriminatoires envers les femmes ? Oui, le constat est amer. A mon sens, le code est à abroger complètement. Il est le symbole du pouvoir patriarcal et de l'infériorité des femmes dans la famille. Ceci entraîne son infériorité dans tous les domaines, quoi qu'on dise. La loi est à la traîne de l'évolution économique des femmes. Elles ont acquis une expérience dans le monde du travail et bénéficient d'une expérience certaine. Pourtant, leur statut personnel les maintient à l'ère du Moyen-Age. Le code de la famille est contraire à la Constitution, qui prône l'égalité homme-femme. Les amendements effectués jusque-là ne sont que du replâtrage. De petites retouches qui n'ont pas résolu l'état d'infériorité des femmes. En dehors de l'article modifié sur le droit au divorce, tous les articles, même ceux amendés, restent en faveur des hommes. On ne réalise pas que maintenir la femme dans cette situation d'infériorité fragilise la famille. Les enfants en font les frais : pas de domicile décent, les pensions alimentaires dérisoires et difficiles à obtenir les mettent dans des situations très précaires. Le fait que les femmes ne puissent pas se remarier, par peur de perdre la garde de leurs enfants, est scandaleux. Alors que les hommes se remarient sans problème. - La religion est le grand frein qui empêche toute avancée sur ces questions, pensez-vous qu'il soit possible de garder un socle religieux islamique dans nos lois, tout en garantissant l'égalité entre l'homme et la femme ? Nous sommes face à une vaste hypocrisie, puisque les préceptes de l'islam ne sont appliqués que sur les femmes. Il serait temps d'abroger le code et d'en faire une loi civile, vu l'importance que prend la religion chez nous. Si on veut une société égalitaire, cela dépend du projet de société que l'on veut. - Quel constat faites-vous de la réalité des droits de la femme à la lumière de vos expériences sur le terrain, notamment au sein du réseau Wassila ? Le réseau Wassila apporte aux femmes un grand bienfait . Sur le plan psychologique, elles sont aidées et soutenues. Pour le reste, elles sont est soumises à la loi.