A 42 ans à peine, Zineddine Bouchaâla fait figure de cheikh tant son parcours aura été des plus riches et des plus diversifiés dans la planète malouf et de ses « dérivés ». « Je n'ai pas eu beaucoup de mal à m'intégrer au malouf, je n'ai fait que suivre les pas de mon grand-père Hammou Fergani qui, dès 1920 avec Omar Chakleb, a posé les premiers jalons pour les futurs chouyoukh du malouf », nous dira-t-il. Zineddine Bouchaâla, et sur une carrière qui dure depuis 25 ans, s'est peu à peu taillé une place au soleil se révélant comme une valeur sûre du malouf et des... Aïssaouas. Avec une voix de ténor, il passe facilement des douces mélodies du malouf aux envolées fortes et lyriques du chant des Aïssaouas. Il essayera aussi avec bonheur d'introduire les instruments de musique dans le style aïssaoui, un style qui a toujours été conduit uniquement par des percussions, le bendir essentiellement. Zineddine Bouchaâla, c'est aussi la star des fêtes constantinoises depuis de nombreuses années. L'animation qu'il instaure, à chacun de ses passages chez des familles qui veulent immortaliser un heureux événement, a fait de lui un chanteur très demandé sur la place de l'antique Cirta. « Je donne à chacun ce qu'il veut. Des fois je tombe sur une ‘‘gaâda'' qui veut du malouf pur, sans fioritures et d'autres fois sur des gens qui veulent s'éclater, alors là je sors la grosse artillerie et en avant pour le ‘‘tahoual''. Il faut savoir être à l'écoute de son public pour lui donner ce qu'il attend de vous et non lui imposer une soirée monotone ». Zineddine Bouchaâla ne se limite pas uniquement à se produire dans les fêtes. Il a été aussi en de nombreuses circonstances l'ambassadeur de l'Algérie. Et c'est ce qu'il a été du 3 au 10 octobre à Tunis où il a participé, avec succès, à un festival international du malouf, d'où il est revenu ravi et déçu à la fois. « D'un côté, je suis aux anges, car ma troupe et moi on a été à la hauteur de la mission que le ministère de la culture a placée en nous. D'un autre côté, j'étais déçu de ne figurer sur aucune liste des artistes qui doivent animer les soirées du Ramadhan à Constantine ». Mais qu'à cela ne tienne, Zineddine Bouchaâla a déjà tourné la page et s'occupe de la promotion de ses dernières cassettes. Une première « savante » englobant, entre autres, la fameuse qacida El Faïchaouïa, si cher au cheikh Bejdoub, le Marocain, et une seconde grand public, Arrassi, qui servira sans doute à plusieurs DJ lors des fêtes constantinoises. Optimiste, Zineddine Bouchaâla, le reste pour l'avenir du malouf, car, estimera-t-il, « une relève extraordinaire existe ». Nous ne pouvons que lui donner raison, lui qui est le petit-fils de Hammou Fergani et le neveu de Mohamed-Tahar, du même nom. Bon sang ne saurait mentir...