La polémique sur les enseignants friands de cours de soutien payants n'est pas propre à l'Algérie et à l'Egypte. En France, le débat vient de s'ouvrir même si le phénomène n'a pas atteint la cote d'alerte. La bataille pour la candidature du Parti socialiste à la présidentielle a dérapé sur le sujet des horaires des enseignants. Ségolène Royale, postulante favorite, aurait selon ses détracteurs posé la fameuse question qui fâche : « Comment se fait-il que des enseignants du secteur public aient le temps d'aller faire du soutien individualisé payant et ils n'ont pas le temps de faire du soutien individualisé gratuit dans les établissements solaires ? » Et d'ajouter : « On est quand même dans un système absurde, où aujourd'hui en France, on a maintenant des entreprises de soutien scolaire cotées en bourse. Et ceux qui font cours dans ces entreprises, ce sont les profs du secteur public ! », Aux dires de certains cercles, elle ne fait que « poser le problème de la marchandisation des produits éducatifs et de l'éducation ainsi que la façon dont se développent les cours de soutien privés ». La réaction des enseignants n'a pas tardé. Deux syndicats fortement implantés dans l'Hexagone ont réagi sèchement. L'Unsa-Education et le SNES, premier syndicat des enseignants des collèges et lycées, pensent que ce sont là « des propos faciles, qui pourraient laisser croire qu'en dehors de leurs 18 heures de cours, les enseignants font autre chose, alors qu'ils ont tout un travail de correction, de préparation des cour. Lorsqu'on dit que les enseignants vont travailler dans des instituts privés en plus de leur mission, c'est injurieux. La semaine d'un enseignant est de 40 heures et quelques en comptant tout. On ne peut pas demander ça (les cours de soutien payants) en plus aux enseignants ». Et de donner le taux dérisoire de 0,02% d'enseignants français qui s'adonnent à ce commerce des cours payants (en soutien individualisé). Contrairement à notre pays, en France, le mouvement associatif – soutenu par l'Etat – déploie des efforts dignes d'éloge en matière de soutien scolaire. Et les parents ne déboursent pas un sou. La nuance ne vous aura pas échappé chers lecteurs, en France on parle de soutien individualisé. Chez nous, les semblants de cours en quantité industrielle sont dispensés à des dizaines d'élèves entassés comme des sardines dans des caves ou des garages. De plus, nous remarquons que la riposte immédiate des syndicats français nous renseigne sur la dignité professionnelle du corps enseignant français. Ils n'ont pas accepté d'être accusés – surtout à tort – de dévoyer leur mission en « marathonnant » derrière l'argent louche des cours payants. A-t-on entendu parler en Algérie d'un syndicat d'enseignants dénoncer le fléau des cours sauvages ou à la limite, se démarquer de cette pratique pédagogiquement improductive ? Et immorale.