Totalement acquis à la politique du gouvernement le plus à droite depuis la création de l'Etat hébreu, le président Donald Trump semble, moins de trois mois après son investiture, plus enclin à écouter le point de vue palestinien sur la façon de régler le conflit israélo-palestinien. Après avoir ignoré le président palestinien Mahmoud Abbas, promis de transférer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers El Qods (Jérusalem), nommé un supporter de la colonisation israélienne comme ambassadeur, reçu le Premier ministre israélien en grande pompe à la Maison-Blanche et s'être éloigné de la solution à deux Etats prônée par les précédentes administrations américaines, Donald Trump a donné quelques signaux d'ouverture envers la direction palestinienne. Le premier pas du président Trump a commencé par un entretien téléphonique, vendredi, avec le président Mahmoud Abbas, au cours duquel il l'a invité à le rencontrer à la Maison-Blanche. Il lui a promis de faire de grands efforts pour réaliser la paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Pour mieux appréhender les positions palestiniennes et connaître plus en profondeur le dossier du conflit, le président américain a envoyé son assistant et représentant spécial en charge des négociations internationales, Jason Greenblatt, en Israël et en Palestine occupée pour s'entretenir avec le premier ministre israélien et le président Mahmoud Abbas. Une visite qui semble exploratrice sur laquelle compte l'administration de M. Trump pour élaborer sa prochaine politique, particulièrement vis-à-vis des revendications nationales palestiniennes. M. Greenblatt, qui se déclare juif pratiquant, a entamé sa visite, lundi, par des entretiens avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui ont duré plus de cinq heures, selon un communiqué commun. Il a réitéré au cours de cette rencontre l'engagement des Etats-Unis à assurer la sécurité d'Israël, comme il a évoqué la volonté du président Trump d'aider les Israéliens et les Palestiniens à parvenir à une paix durable à travers des négociations directes. Certaines sources palestiniennes indiquent que le plan de paix du président américain comporte un gel de la colonisation durant ces négociations directes et le non-déplacement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à El Qods. Le premier point a fait échouer la dernière initiative de paix américaine en avril 2014, lorsqu'Israël a refusé de geler la colonisation. Il a ensuite été reçu, mardi, à la Mouqataa, le siège présidentiel à Ramallah en Palestine occupée, par le président Mahmoud Abbas. Nabil Abou Roudeina, porte-parole officiel de la présidence, a estimé que la rencontre a été «positive» et «encourageante». «Il sera bâti sur cette rencontre à travers la poursuite des contacts et des échanges des avis afin de préserver l'espoir de paix et de stabilité», a ajouté Abou Roudeina, sans donner de détails sur le contenu des discussions entre M. Abbas et M. Greenblatt. La radio israélienne, se basant sur des sources au sein du consulat américain à El Qods, a rapporté que M. Abbas et M. Greenblatt ont affirmé l'engagement de l'Autorité palestinienne et des Etats-Unis d'aller de l'avant pour faire avancer les négociations de paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Un communiqué du consulat dit que «le président Mahmoud Abbas a exprimé à l'émissaire américain sa conviction de la possibilité de réaliser une paix historique sous les auspices du président Donald Trump et que Abou Mazen a promis de lutter contre l'incitation à la violence et le terrorisme». Les craintes étaient palestiniennes, aujourd'hui elles sont Israéliennes Ne sachant pas vraiment quelle pourrait être la réaction du nouveau président américain sur les questions-clefs du conflit israélo-palestinien, dont la colonisation et l'annexion de parties des territoires palestiniens, le gouvernement israélien a demandé à la Knesset (Parlement israélien) de reporter un vote sur l'annexion à Israël de la grande colonie de Maale Adoumim, située à l'est de la ville sainte d'El Qods, et qui couperait la vieille ville du reste de la Cisjordanie occupée. Cette annexion mettrait fin, aussi, à la solution basée sur deux Etats prônée par l'ensemble de la communauté internationale. Le vote devait avoir lieu au cours de la visite de l'envoyé du président Donald Trump dans la région. Ce report survient de la crainte d'une réaction inattendue du président américain qui a déjà demandé aux Israéliens d'avancer prudemment dans le dossier de la colonisation après avoir été supporter d'une colonisation tous azimuts durant sa campagne électorale. D'ailleurs, le gouvernement israélien en a profité et a décidé la construction de plus de 5000 unités coloniales en Cisjordanie occupée durant les premiers jours du règne de M. Trump. Sans pouvoir prétendre que le président Donald Trump, dont les déclarations au cours de la campagne électorale étaient totalement favorables à Israël et ignoraient les Palestiniens a changé de veste, le seul faite qu'il soit prêt, aujourd'hui, à écouter les Palestiniens ne plaît pas du tout aux Israéliens qui rêvaient de s'accaparer l'homme qui leur a promis tout genre de soutien, aussi bien militaire que politique, surtout au niveau des instances internationales. N'étant pas dupes, les dirigeants palestiniens ne croient pas de leur côté qu'ils pourront convaincre l'homme fort des Etats-Unis de l'ensemble de leurs points de vue, mais ils semblent satisfaits de le voir sortir, un tant soit peu, de l'influence d'un gouvernement israélien qui ne reconnaît aucun des droits nationaux des Palestiniens.