Rien ne va plus à la laiterie de Beni Tamou de Blida. La reprise du processus de privatisation en janvier dernier, après quatre mois d'arrêt des négociations, a soulevé un vent de colère au sein de cette entreprise étatique qui emploie plus de 300 travailleurs. Le syndicat d'entreprise, affilié à l'UGTA, menace de recourir à des actions de protestation si les autorités concernées par le dossier ne daignent pas prendre en considération les conditions posées par les employés. Parmi ces conditions, l'application de la convention de branches signée dans le cadre des accords tripartites (gouvernement-patronat-UGTA) et la préservation des emplois et de tous les droits des travailleurs, notamment celui de prendre 10% du prix de vente de l'entreprise. « L'application de la convention de branches doit se faire avant la privatisation », précise Abderrahmane Bouzefrane, secrétaire général du syndicat d'entreprise qui se montre intransigeant sur les droits des employés. Selon lui, la relance du processus de privatisation a démobilisé les travailleurs. Processus qu'il préfère qualifier de « bradage ». « Nous n'avons pas été associés aux négociations. Maintenant, on veut la céder à 930 millions de dinars. Quel gâchis ! », lâche-t-il en affirmant que la valeur de cette filiale est nettement plus importante que le prix fixé pour sa cession. Pour étayer ses propos, M. Bouzefrane précise que la laiterie a été dotée d'un matériel moderne et qu'elle est étendue sur un terrain de 6 ha, comme elle est également équipée d'une station d'épuration. Selon Mohamed Ladjaïmi, un autre membre syndical, l'entreprise a investi entre 2003 et 2006 près de 400 millions de dinars dans la rénovation de son outil de production. « Si l'on tient déjà compte de cet investissement, le prix de vente de l'entreprise dépassera les 4 milliards de dinars », soutient-il avant de s'interroger sur les « dessous » d'une telle privatisation dont la démarche pourrait être finalisée aujourd'hui lors de la réunion regroupant la société de gestion des participations Tragra et le repreneur (la laiterie Soummam en association avec le groupe français Lactalis). Le syndicat d'entreprise dénonce le « revirement inattendu » du président du groupe Giplait qui, selon M. Bouzefrane, s'est engagé le 4 février courant à mettre en application la convention de branches conformément à l'accord conclu entre le partenaire social et l'employeur, avant le 7 février. « Au jour d'aujourd'hui, cette convention n'a toujours pas été appliquée », relève-t-il, indiquant que le conseil syndical a décidé de poursuivre en justice la direction de l'entreprise pour non-respect des droits des travailleurs. Le syndicat s'interroge sur les suites données à la soumission du collectif des travailleurs. Ces derniers, faut-il le préciser, qui ont présenté leur dossier au même titre que d'autres entreprises privées, ont reçu une réponse défavorable de la part de la SGP Tragra qui leur a indiqué que « la loi ne permet pas de céder une entreprise à plus de 120 employés ». Les travailleurs trouvent cela « injuste ». Ils interpellent les plus hautes autorités du pays pour prendre en charge leurs doléances. En attendant, leur avenir reste incertain.