Les deux sont interdits mais quelle est la différence entre un marcheur et un manifestant ? Il y en a, si les deux sont contre, en général, celui qui leur interdit d'être contre, les premiers préfèrent le dire en se déplaçant, les seconds en restant sur place. Dans le même registre, quelle est la différence entre le boycott et l'abstention ? Les deux représentent des personnes qui ne votent pas, les premiers par conviction et les seconds pour d'autres raisons, par conviction aussi parfois mais de façon passive, et aussi parce qu'ils ont simplement oublié que c'était le jour de vote, ne se sentent pas concernés ou avaient mieux à faire ce jour-là, comme aller pêcher des bananes. Il y a donc plusieurs catégories et des nuances, même si Hamid Grine, ministre de la Communication cellulaire, ne fait pas dans le détail à travers une «charte» qu'il a fabriquée tout seul dans son bureau. Il a ainsi exigé des médias qu'ils ne donnent pas la parole à ceux qui prônent le boycott, précisant que ces journaux et télévisions ne doivent pas être des hauts parleurs pour ces gens-là, confondant peut-être avec les radios, qui sont toujours interdites en Algérie. Sauf que si l'on s'en tient au devin Ould Abbès, le secrétaire général du FLN qui a annoncé 50% de participation aux législatives, cela signifie qu'un Algérien sur deux sera interdit d'expression, selon cette charte. Peut-on raisonnablement faire un pays avec seulement la moitié de la population ? Hamid Grine pense que oui, Ould Abbès aussi certainement, ce qui explique qu'ils ont lancé cette campagne «Samma3 soutek», fais entendre ta voix, où il s'est avéré que les personnes représentées par les publicités n'étaient pas des Algérien(ne)s, photos directement tirées de banques d'images étrangères. Tout reste donc logique, ceux qui appellent à voter ne sont pas des Algérien(ne)s et les Algériens qui appellent à ne pas voter ne sont pas des Algériens non plus, il ne faut pas les écouter. Que faire alors ? Voter, mais au Panama.