Le déficit en équipement public dans la plus peuplée des communes d'Alger, Gué de Constantine en l'occurrence, où résident plus de 150 000 habitants est tel qu'il constitue, selon des élus à l'assemblée communale, une sérieuse menace à l'ordre public et peut déboucher sur une véritable explosion. « À Gué de Constantine, ironise Belhamri Samy, élu FFS, on ne peut ni naître ni mourir. » Autrement dit, la commune ne dispose ni de clinique ni de cimetière. « Le projet d'aménagement d'un cimetière au niveau de Oued El Kerma, sur un terrain de 5 ha, d'une capacité de 800 tombes, traîne en longueur », selon Youcef Senane. « On aurait souhaité au moins terminer notre mandat par cette réalisation (...) surtout que nous l'avons promis à nos électeurs et nous l'avons même annoncé aux imams qui ont apprécié que la commune s'occupe du cimetière », nous avoue le représentant du FLN. Initié depuis 2003 et pourvu d'un budget de 8 milliards, le projet du cimetière de Oued El Kerma n'est pas seulement bloqué aux dires des deux élus, mais il est même appelé à être transféré au profit d'une autre commune. Belhamri pointe du doigt le wali délégué de Bir Mourad Raïs, responsable à ses yeux des retards qu'a pris le projet, sachant que l'étude du sol a été déjà faite et l'entreprise réalisatrice sélectionnée. Ce n'est pas l'avis du wali délégué de Bir Mourad Raïs, M. Zitouni, qui soutient que le projet du cimetière en question est « maintenu ». Un projet qui, dit-il, est pris en charge sur le budget de la wilaya et les fonds ont été débloqués à l'indicatif de l'EGPFC d'Alger. Le dossier est actuellement traité, dit-il, par une commission interministérielle qui a pour entre autres missions d'assainir l'obstacle foncier. Le terrain est situé, selon le wali délégué, en dehors du PDAU, dans une zone forestière non urbanisable. Autres projets qui feraient, depuis des années, l'objet, selon les membres de l'APC, de « blocage » au niveau de la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs, le B7, où le complexe sportif qui s'y trouve, avons-nous constaté, est à l'abandon. Entamé au milieu des années 1990, le complexe, plutôt l'esquisse de complexe, composé des petits terrains pour foot et basket, n'est pas près d'être achevé au grand dam des milliers de jeunes sportifs et des associations sportives qui n'ont pas d'autres endroits pour s'entraîner et jouer leurs compétitions. « Bien que la commune soit considérée comme un vivier pour le sport national, affirme M. Belhamri, elle n'arrive pas à se doter d'un seul terrain aux normes. » La responsabilité incomberait, en premier lieu, à la direction de la jeunesse et des sports qui n'ignore pas le défaut d'infrastructures sportives pour la simple et bonne raison que de nombreux cadres de la jeunesse et des sports, et la DJS en personne, résident dans la commune de Gué de Constantine. Le difficulté la plus lourde et la plus pénalisante pour cette commune demeure sans conteste l'habitat, plutôt l'habitat précaire. Plus de 12 000 baraques ont été recensées à travers l'espace communal, alors que les demandes de logements s'empilent année après année sur les bureaux des services communaux. A cette situation, l'administration répond par l'attribution d'un quota de 30 logements sociaux et par une révision à la baisse de la quote-part en logements sociaux locatifs (LSP), qui est passée de 700 à 200 logements, s'indignent les membres de l'assemblée communale. « A qui voulez-vous qu'on donne ces 30 logements ? Et pourquoi le directeur du logement est-il revenu sur sa promesse faite, il y a trois mois devant le ministre de l'Habitat, de nous affecter 700 LSP ? », s'est interrogé M. Belhamri. Tout comme il reviendra sur les « promesses » faites par le wali délégué aux habitants des baraquements de Haï Remli de les reloger après qu'ils aient « coupé » la circulation automobile de l'autoroute. Le nombre de demandes de logement aurait atteint les 20 000. Même s'il partage l'avis des élus sur la modicité du quota de logements sociaux affecté à Gué de Constantine, M. Zitouni n'a pas l'espoir entamé. « Le problème des bidonvilles sera réglé, répond-il, suivant le programme national de lutte contre l'habitat précaire. » Il dément avoir « promis » des logements aux résidants de Haï Remli. Ces derniers, selon le recensement réalisé, sont au nombre de 3200 familles. Il abordera également le cas des 54 familles détentrices d'une décision d'attribution de logement, délivrées par l'ancien exécutif. En soutenant que ces familles sont en possession de « fausses décisions », comme c'est le cas de « 4000 autres décisions au niveau d'Alger », lesquelles seraient, selon certains représentants de l'APC, reconnues valables. Pour ce qui est du quota LSP, il déclare ne pas pouvoir répondre à la place du responsable du logement d'Alger. Concernant le volet des 850 locaux commerciaux fermés, M. Zitouni déclare que le dossier est pris en charge au niveau de l'OPGI de Bir Mourad Raïs. Le wali d'Alger a, témoigne-t-il, fermement instruit les responsables de l'office pour forcer la main aux acquéreurs desdits locaux afin d'amorcer les activités auxquelles ils sont destinés.