C'était dans les journaux d'hier. Avec son nom d'Indien des hautes plaines, Djillali B., alias « Dib El Djiaâne », c'est-à-dire « loup affamé », s'est rendu au régiment de cavalerie le plus proche, en suivant les pistes de la réconciliation nationale. Le général Custer Zerhouni peut être content, la région est pratiquement pacifiée. Et pour cause. Loup affamé, Pawnee irréductible du GIA des territoires de l'Ouest, semait la terreur dans la région et s'était rendu tristement célèbre par l'assassinat de douze enseignants à Aïn Adden, dont onze malheureuses jeunes femmes à qui il reprochait d'aller à l'école. Selon sa biographie non exhaustive parue dans la presse, Loup affamé était adepte du couteau, tueur de sang-froid, vivait dans une sorte de tipi, parlait aux chacals, s'habillait de peaux de civils et mangeait du bison. Déjà condamné à mort par contumace, il a donc fini par se rendre, mettant fin à une longue carrière entamée en 1993 contre ce qu'il devait définir en son sens comme une puissance coloniale blanche, c'est-à-dire laïque et libérale, prédatrice, massacreuse de squaws et d'Islam originel. Comme à chaque reddition importante, la question est la même : va-t-il bénéficier des lois sur la repentance ? Personne ou presque ne le sait. Ce que l'on sait par contre, c'est que, hier à Boumerdès, trois membres du GSPC ont été condamnés à mort pour une tentative de meurtre contre un ex-émir, passant ainsi à côté de la clémence. Qui tue qui ? La fameuse question trouve enfin sa réponse, 10 ans plus tard. Les terroristes qui ne se rendent pas tuent les ex-terroristes qui se rendent et sont condamnés à mort pour ce crime. Logiquement, cette catégorie devrait finir par s'éliminer elle-même et le général Custer affirmer sa suprématie totale sur le territoire des Peaux-Rouges. La morale de l'histoire est évidente : un bon Indien est un Indien mort.