Amara Benyounès, patron du Mouvement populaire national (MPA), reconnaît que le score de son parti lors de ces législatives n'est pas celui espéré. «On s'attendait à plus», a-t-il affirmé lors de la conférence de presse tenue hier, au siège du parti à Alger. Pour l'ancien ministre du Commerce, sa formation politique paye au prix fort le taux élevé d'abstention, profitable, selon lui, aux formations politiques traditionnelles. «Quand il y a une forte abstention, ce sont toujours les partis classiques qui en profitent le plus, car ils peuvent s'appuyer sur une certaine discipline de vote», a-t-il expliqué. Ménageant la chèvre et le chou, il refuse d'imputer le taux d'abstention à un geste politique, mais reconnaît tout de même qu'il faut «interpeller les abstentionnistes» pour comprendre les raisons de leur geste et surtout empêcher les partis qui ont appelé au boycott de «récupérer ce taux d'abstention». En réalité, le leader du MPA espérait, comme les autres partis proches du pouvoir, un taux de participation plus élevé. Avec un peu plus de 38% de votants, c'est la crédibilité du scrutin qui est remise en cause, mais également celui du Parlement et du prochain gouvernement. Dans sa tentative d'explication, l'ancien ministre a repris les éléments de langage développé au lendemain du scrutin. «Dans le monde, la participation est toujours faible lors des élections intermédiaires, c'est-à-dire entre les locales et les présidentielles.» Quoi qu'il en soit, le MPA a annoncé avoir déposé 18 recours au niveau du Conseil constitutionnel, dont plusieurs concernent la liste d'Alger qui n'a obtenu aucun siège. L'échec cuisant de cette liste menée par Idir Benyounès, frère du patron du parti et dont la nomination avait soulevé une tempête de protestations au sein du parti, risque de laisser des traces. Au sujet de la fraude dénoncée par certains partis, M. Benyounès a conseillé à ceux qui en parlent de remettre leur mandat de député à l'Assemblée populaire nationale (APN). «Moi, j'aurais démissionné de l'Assemblée. Je n'aurais pas de siège», a affirmé le secrétaire général du Mouvement populaire algérien. Tirant les leçons du scrutin, il reconnaît que le FLN et le RND, en obtenant la majorité absolue, peuvent former un gouvernement. «Il est très possible que les deux partis constituent seuls le gouvernement», a-t-il affirmé. Tout en reconnaissant n'avoir aucun contact pour le moment avec le FLN, il ne ferme pas la porte à une alliance, même si cela paraît peu probable. «J'ai appris que pour aller à une fête, il faut y être invité», a estimé M. Benyounès.