Il n'y aura pas d'état de grâce pour Emmanuel Macron, le plus jeune président de la République française. Après la victoire à la présidentielle, une nouvelle bataille commence, celle de la construction d'une majorité de gouvernement et surtout parlementaire. «Le plus dur commence», a reconnu le Président nouvellement élu qui veut incarner pleinement cette fonction. Elu avec 66,10% de voix, Emmanuel Macron va devoir convaincre, rassembler et rassurer des Français restés méfiants sur un projet qu'ils n'ont pas toujours choisi (lire ci-joint l'estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, Le Point, Le Monde, France 24 et les chaînes parlementaires)*. Il devra aussi se construire une assise parlementaire et une base partisane solides. Dans son discours de victoire, empreint de gravité, Emmanuel Macron a dit dimanche soir entendre «tous les citoyens», y compris les électeurs du FN, qui ont exprimé «colère et doutes», promettant aussi de «retisser les liens entre l'Europe et les citoyens». «Je sais les divisions de notre nation qui ont conduit certains à des votes extrêmes et je les respecte», a-t-il déclaré en disant avoir pris la mesure «de la colère, de l'anxiété et des doutes» d'une bonne partie de la population. «Il est de ma responsabilité de les entendre en protégeant les plus fragiles, en organisant mieux les solidarités, en luttant contre toutes les formes d'inégalités ou de discrimination», a promis le président élu, le visage grave, dans une intervention d'une dizaine de minutes. Entre la passation de pouvoir, la formation d'un gouvernement et la campagne pour les législatives, le programme du nouveau président s'annonce chargé. Au préalable, Emmanuel Macron devait démissionner hier de la présidence d'En Marche !, qui prendra le nom d'En marche la République !, incluant des personnalités de gauche et de droite. Ce sera aussi le nom pour la campagne des législatives des 11 et 18 juin prochain. Le mouvement En Marche ! veut construire «une majorité composée de femmes et d'hommes qui viennent du PS, des Républicains, du centre, mais aussi qui viennent — et ce sera au moins la moitié de nos candidats — de la société civile» pour «sortir de cet entre-soi politique», a indiqué le porte-parole d'Emmanuel Macron, Christophe Castaner sur BFM-RMC. En outre, cette majorité sera «jeune et paritaire». François Hollande devra quitter l'Elysée dimanche 14 mai à minuit pour laisser place à son successeur. La passation de pouvoir aura lieu dans la journée de dimanche. La nomination du gouvernement est très attendue, car elle sera la preuve ou non du changement préconisé par Emmanuel Macron tout au long de sa campagne. Il faudra donc attendre lundi 15 mai pour savoir qui sera le chef du gouvernement. Pour autant, quelques noms reviennent avec insistance depuis plusieurs jours. Si aucun n'est confirmé, Emmanuel Macron avait décrit le profil qu'il souhaitait pour le poste. «Il sera à l'image des engagements que j'ai pris. C'est quelqu'un qui aura une expérience dans le champ politique, les compétences pour diriger une majorité parlementaire et les compétences pour animer un collectif gouvernemental», expliquait-il en fin de campagne. L'enjeu des législatives à venir est crucial pour Emmanuel Macron : s'il veut gouverner seul, il doit obtenir une majorité absolue de 289 sièges. Un enjeu crucial également pour la droite qui souhaite, lors de ces élections, prendre sa revanche et peser sur le programme de Macron. Quant à la gauche, elle espère rattraper sa défaite au premier tour de la présidentielle, tandis que le FN escompte entrer en force à l'Assemblée.