Six pays (Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, Inde, Japon, Russie) et l'Union européenne (UE) ont signé, mardi, à Paris, le traité Iter, un projet de réacteur expérimental de fusion thermonucléaire qui vise à fournir, dans plusieurs décennies, une énergie propre et illimitée. Les trois textes qui constituent ce projet signé à l'Elysée prépareront, selon ses concepteurs, l'ère de « l'après-pétrole ». Le coût de ce projet, dont la réalisation est prévue à Cadarache, en Bouches-du-Rhône (sud de la France), est estimé à plus 10 milliards d'euros, dont 4,6 milliards pour la construction du réacteur entre 2005 et 2015. La part de la France est de 10% pour la construction et de 7% pour l'exploitation. La construction du réacteur Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) devrait commencer en 2008 et durer une dizaine d'années, avec une mise en exploitation attendue pour 2018. Les scientifiques espèrent parvenir à une production industrielle dans une quarantaine d'années, à un moment où les réserves prouvées de pétrole arriveront à épuisement. Iter est « le projet de recherche majeur de ce début de siècle, mené dans le cadre d'une coopération internationale. Il s'inscrit dans un contexte marqué, à la fois, par des besoins énergétiques croissants et une raréfaction des ressources en énergies fossiles », a indiqué, à cette occasion, un communiqué de l'Elysée, repris par l'APS. L'objectif « majeur » d'Iter, critiqué, faut-il le souligner, par les associations écologiques, qui y voient « un projet dangereux et improbable », est de « démontrer la faisabilité scientifique et technique d'utiliser l'énergie de fusion comme une future source de production d'énergie sur terre ». La fusion utilise des combustibles de base abondants et disponibles partout, ne dégage aucune émission de gaz à effet de serre et génère des déchets radioactifs à courte vie, précise-t-on. La signature du traité « est une nouvelle étape d'une aventure tout à fait exceptionnelle », s'est félicité le président français Jacques Chirac dans une allocution, en soulignant que ce projet représentait « l'association sans précédent de sept grands partenaires du Nord et du Sud », représentant la moitié de l'humanité. « C'est la main tendue aux générations futures, au nom de la solidarité et de la responsabilité », a affirmé M. Chirac, en expliquant que, si l'on réussissait à maîtriser la fusion, on pourrait « tirer d'un litre d'eau de mer autant d'énergie que d'un litre de pétrole ou d'un kilo de charbon ». « Echange et partage entre scientifiques du monde entier, partenariat international », Iter, « c'est la victoire de l'intérêt général de l'humanité », a encore souligné le président français. Le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, a, pour sa part, qualifié cette signature de « très grand événement » et a souligné qu'Iter répondait au double défi de la sécurité énergétique et du changement climatique.