Le déplacement du nouveau ministre de la Santé, le professeur Hasbellaoui Mokhtar, à la wilaya de Annaba est une urgence. Tous les scanners et IRM installés dans les différentes structures sanitaires de cette wilaya ne sont pas en service. En effet, les trois scanners du CHU Annaba, dont deux à l'hôpital Ibn Rochd et un à l'unité Ibn Sina, sont hors service sinon obsolètes, avons-nous appris du secrétaire général de cet établissement de santé. Quant à celui de l'hôpital El Hadjar, les deux médecins radiologues sont «hors service», car simultanément en congé de maladie, confirme le directeur de cet hôpital. Pis encore, un IRM de dernière génération est également non exploité, puisque les radiologues en service à l'hôpital Ibn Rochd n'ont pas le niveau requis pour assurer l'interprétation de ses clichés. Grandeur et décadence. Grandeur d'une importante wilaya, classée quatrième de par son statut économique qui a bénéficié d'important investissements à coups milliards de dinars dans des équipements d'imagerie de dernière génération. Décadence, lorsqu'on sait que ses malades, notamment les plus démunis, ne peuvent pas accéder à ce service assuré gratuitement par l'Etat. Il en est ainsi des cancéreux qui sont traités au niveau du CAC de Annaba où, périodiquement, on leur exige un scanner, voire un IRM pour s'enquérir de l'évolution de leur maladie. Le malheur des malades fait le bonheur des cliniques privées, puisqu'ils sont obligés de recourir à leurs services et payer rubis sur l'ongle plusieurs milliers de dinars à chaque fois. Qui est responsable de cette situation ? On est tenté de douter d'une connivence entre les secteurs public et privé pour faire bénéficier ce dernier de cette situation, puisque, paradoxalement, les équipements d'imagerie des cliniques privées ne sont pratiquement jamais hors service. Faut-il rappeler qu'il y a quelques mois, c'est tout le service d'imagerie de l'hôpital Ibn Rochd qui était remis en cause. Par crainte de subir un dosage élevé de radiations, les manipulateurs ainsi que les radiologues en service dans cette unité ont abandonné, au grand dam des malades, leur lieu de travail. En cause, la qualité médiocre du plombage des murs de ce service dont les normes de sécurité ne sont pas conformes. D'aucuns s'interrogent cependant comment cette entreprise privée en charge de l'aménagement de ce service sensible et l'habillage de ses murs en plomb a pu réceptionner et payer ses travaux ? Comment peut-on tolérer cette insuffisance professionnelle, où les responsables de cet hôpital n'ont pas daigné s'assurer de la protection du personnel ? Le doute d'une complicité est permis.