La Chambre de commerce et d'industrie de Paris et l'Ecole supérieure algérienne des affaires ont organisé, le 22 novembre dernier, une importante conférence sur le marché algérien en pleine mutation, à l'occasion de laquelle plusieurs spécialistes français et algériens, du monde universitaire, de la scène politique et du secteur des entreprises ont livré leurs points de vue sur le présent et l'avenir du marché algérien. Au-delà des chiffres et analyses développés par l'ambassadeur d'Algérie en France et les experts, tous unanimes à reconnaître l'aisance financière et l'importance des projets structurants en cours de réalisation dans notre pays, c'est dans les propos tenus par les chefs d'entreprise et les hommes d'affaires installés en France que l'on ressent, on ne peut plus clairement, une franche exaspération quant à l'incapacité des autorités algériennes à améliorer convenablement le climat des affaires. Une situation qu'ils ont du mal à supporter parce qu'elle leur fait courir le risque de ne pas avoir leur « part du gâteau » dans une conjoncture aussi favorable. Un de ces chefs d'entreprise expatrié nous a affirmé : « L'avenir n'est plus en France où la croissance est nulle et la concurrence de plus en plus féroce, mais en Algérie, pays aux énormes potentialités dont on commence à percevoir les prémisses d'un prochain décollage économique qui bouleversera toutes les données économiques de l'Afrique du Nord ». C'est sans doute pour cette raison que de nombreux hommes d'affaires installés depuis plusieurs années en France nous ont, en marge de la conférence, fait part de leur réelle inquiétude de ne pouvoir saisir une occasion aussi favorable pour tenter un retour au pays par la « grande porte » en y développant une affaire viable. Leur découragement est d'autant plus fort que les patrons algériens qui se sont succédés à la tribune du forum ont tous fait état de difficultés persistantes à promouvoir des affaires tant la bureaucratie est ancrée dans les mœurs des administrations algériennes. Les « success stories », en dépit de toutes les difficultés spécifiques à l'Algérie, relatées par le patron de NCA Rouiba, Slim Othmani et Jean Beucher, DRH du groupe Cevital, leur ont quelque peu redonné espoir, sans toutefois susciter le courage nécessaire pour tenter le pari du retour. L'apport des hommes d'affaires algériens installés en France, dont bon nombre possède l'expertise et les capitaux requis pour investir divers créneaux de développement, constitue pourtant une chance inouïe pour notre pays. Avec eux l'Algérie a toutes les chances de préparer l'après-pétrole en diversifiant sa production et ses échanges, les hommes d'affaires en question étant déjà familiarisés avec des marchés susceptibles d'accueillir nos produits. Mais en dépit des blocages qui semblent freiner la perspective d'un apport massif de la communauté algérienne à l'étranger, tout porte à croire qu'elle pèsera de plus en plus lourd dans la dynamique de développement du pays. C'est sans doute ce qui a poussé Missoum Sbih, notre ambassadeur en France, à affirmer dans son allocution d'ouverture que la diversification des échanges, aujourd'hui outrageusement dominée par les exportations d'hydrocarbures, se fera plus tôt qu'on le croit. Des deux thèmes abordés à l'occasion de cette conférence portant sur la mutation du marché algérien, on a surtout retenu les propos de l'ex-ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, et ceux de dirigeants d'entreprises comme Jean Bucher (Cevital) et Slim Othmani (NCA Rouiba) qui ont mis en relief les avancées managériales de leurs sociétés (croissance, expansion, modernisation du management) en dépit d'une gestion sous contrainte. Tous deux ont mis l'accent sur l'importance de la formation tant au niveau de l'encadrement que de l'exécution. Notons qu'une cérémonie de remise de diplômes a été organisée au lendemain de la conférence à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris par l'Ecole supérieure algériennes des affaires. Quelque 25 lauréats ont pris possession de leurs diplômes MBA au cours de cette émouvante cérémonie rehaussée par la présence de Missoum Sbih, notre ambassadeur en France, et de nombreuses personnalités françaises. Un centre d'investissement français à Alger L'Union des industries métallurgique et minière (UIMM), une des plus importantes organisations professionnelles françaises et sa filiale CODIFO, spécialisée dans la formation industrielle, ont décidé d'ouvrir, à Alger, un centre de formation et de maintenance industrielles, dont l'acte fondateur a été signé hier à l'hôtel El Djazaïr. L'UIMM possède une centaine de centres de formation industrielle en France tout en étant présente à travers une soixantaine de pays. Interrogé en marge de la cérémonie de signature, le président de l'UIMM, Dominique de Calan, nous a affirmé que « l'un des principaux enjeux de la mondialisation étant la bataille de l'intelligence scientifique et technique, il serait heureux que l'institut nouvellement créé contribue à aider les industriels algériens à gagner cette bataille ».