Les revendications portées par le mouvement de grève déclenché à l'initiative des enseignants du CEM Kerkeb Kaddour, à El Bayadh, remettent à l'ordre du jour, de façon récurrente, les difficultés qu'éprouve l'éducation nationale à assumer convenablement le rôle qui lui incombe, face à la persistance de ses carences. Les protestataires se disent « contraints » à recourir à cette démarche, vu l'état de délabrement qui frise l'intolérable des conditions de travail. Les éducateurs affirment « n'avoir trouvé aucune oreille attentive » à leurs préoccupations. Ils dénoncent l'insuffisance du mobilier dans les salles de cours (ce qui oblige l'élève à trimballer sa chaise entre le réfectoire et sa classe.) Les élèves sont obligés de se tenir à trois devant un unique pupitre. ils doivent endurer le froid lancinant qui règne à l'intérieur des classes, les radiateurs vétustes qui assurent, tant bien que mal, le chauffage à l'intérieur des salles ont fini par rendre l'âme, devant les fuites à répétition qui inondent les locaux. Un ouvrier dépêché, récemment, pour tenter de remettre en marche l'un des équipements a été surpris par une explosion. Les élèves, qui n'avaient pas pu quitter les lieux, en ont eu pour leurs frais. Par ailleurs, l'état d'insalubrité des classes n'invite pas à l'assiduité depuis que les quatre agents d'entretien ont fait valoir, l'année dernière, leur droit à la retraite, sans être remplacés. De « cette guerre lasse », les élevés ont troqué leurs plumes contre des balais, quotidiennement, sur l'horaire des cours, pour la corvée de nettoyage. Devant le regard médusé mais impuissant de leurs maîtres. Créé en 1976, cet établissement a accueilli un internat mixte, capable d'offrir le gîte à 170 élèves, mais où, par la grâce des inscriptions successives, dont n'ont pas tenu compte les prévisions de la direction de l'Education, s'entassent 220 locataires : 163 filles et 57 garçons. Les dotations en articles de couchage n'ayant également pas suivi, les internes nous avoueront qu'ils n'ont d'autre choix que de se mettre à deux sur le même matelas ou alors, s'étendre par terre. En plus du fait que la cour du CEM Kerkeb Kaddour amplifie cette impression d'exiguïté, et ne donne pas la possibilité aux élèves de s'égayer pour chasser la sinistrose ambiante. Une situation tout aussi déplorable a été relevée au niveau de l'école primaire Ennadjah, à Bougtob. Les 420 élèves qui la fréquentent sont exposés, en permanence, à des risques qui peuvent prendre les allures d'une catastrophe, s'il n'y est pas remédié. Construite en 1964, elle est mitoyenne avec un vestige de l'époque coloniale qui menace à tous moment de s'écrouler. La bâtisse qui avait abrité l'inspection d'Académie, a été cédée à un particulier qui refuse de l'évacuer, malgré le procès verbal de démolition dressé par les services de la protection civile. Les intempéries successives trouvent, là, le déversoir indiqué, qui creuse davantage ces fosses qui s'ouvrent tels des gouffres devant ces frêles personnes. Etat que ne laisse pas deviner l'enceinte extérieure fraîchement peinte qui donne sur la rue principale. Informée, la direction de l'Education, en plus d'insister sur l'impossibilité de faire face à toutes ces urgences, promet « d'inclure ces aménagements dans le programme sectoriel qui est sur le point d'être mis en chantier. »