D'un simple fait divers à une affaire qui défraie la chronique, les cas de violence signalés dans les campus universitaires et les cités U prennent une tournure dangereuse et constituent ainsi un véritable phénomène de société. L'ampleur que commence à prendre ce fléau mériterait que l'on y prête une attention particulière et soutenue. Il est plus qu'urgent de rechercher et de trouver des solutions à ce mal qui ronge et détruit les universités de l'intérieur et compromet ainsi l'avenir du pays. Mettre l'institution universitaire à l'abri des tumultes quotidiens devient une nécessité et doit constituer une priorité à inscrire dans l'action gouvernementale. Arrêtons de poser des diagnostics, place plutôt à l'intervention rapide et efficace. La source du malaise trouve son origine dans la nature même du système qui régente l'université algérienne à l'image d'ailleurs de celui du pouvoir en place. Tribalisme, clientélisme, chantage, répression et corruption constituent les maîtres-mots de ce système soutenu et nourri depuis belle leurette par les tenants du pouvoir qui voient dans l'émergence d'une véritable élite un danger pour sa pérennité. Pour compliquer davantage cette situation, la politique prônée dite de massification, ou communément appelée la démocratisation de l'enseignement supérieur grâce notamment au taux «politique» de réussite au baccalauréat qui ne cesse d'ailleurs d'accroître d'année en année et présenté comme un injaz (réalisation) inscrit dans le programme du président de la République, n'arrange guère les choses puisque cela ne reflète aucunement une quelconque avancée du système éducatif national, au contraire l'école produit de l'échec. Les responsables des universités se trouvent ainsi confrontés à une situation pour le moins inédite où la «gestion des flux» l'emporte sur la qualité des programmes. Au fil des ans, le passage aux classes supérieures est devenu un acquis, voire un droit octroyé aux étudiants par la grâce de l'administration, loin des critères du mérite et de l'abnégation dans le travail. Ainsi, pour une note de plus ou en moins et devant le refus des enseignants de revoir les notes, des étudiants n'hésitent donc plus à passer à l'action et on en vient aux mains et parfois on use de la force pour paralyser, voire même fermer des campus, aidés pour ce faire par des organisations estudiantines qui ont pignon sur rue. Une ambiance électrique qui pousse de leur côté certains enseignants — à bout de nerfs — à user de méthodes peu orthodoxes pour venger leur honneur. Ces mêmes organisations dites de masse, supporters zélés du régime, font la pluie et le beau temps dans les campus et s'ingèrent dans les moindres affaires jusqu'à désigner les fournisseurs en aliments des résidences universitaires. Leur influence au sein des campus devient un véritable danger pour la stabilité de l'université algérienne. Ces éléments non exhaustifs renseignent sur le marasme dans lequel baigne l'université ; cela n'augure rien de bon et prélude à une explosion de violence si rien n'est fait.