Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, critique sévèrement le plan d'action du gouvernement. S'exprimant à l'ouverture, hier à Alger, des travaux du conseil national de sa formation, il relève «l'absence de cap chez l'Exécutif» qui se contente, selon lui, de brandir «des dogmes éculés». Dans son intervention, il rappelle également la série d'entraves dressées devant les partis, dont le RCD qui a été contraint de renvoyer à la fin de l'année la tenue de son congrès ordinaire, pour appeler le gouvernement Tebboune à ouvrir un sérieux dialogue avec les partenaires politiques et sociaux. «Comme le pouvoir n'a pas de projet pour la société, ce gouvernement n'a pas de cap», affirme-t-il en commentant le contenu de la feuille de route présentée par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune devant les parlementaires. «Au lieu de présenter la privatisation d'entreprises publiques et le recours à l'endettement pour financer des projets de développement comme des outils économiques qu'il s'agira d'encadrer pour améliorer les performances et préserver l'emploi, le Premier ministre choisit de retourner au vocabulaire des années 70' pour écarter du revers de la main toute notion de privatisation au motif que le maintien d'entreprises dans le secteur étatique est un gage de souveraineté», lance-t-il d'emblée. Selon lui, «l'acharnement à injecter, sans retour sur investissement, chaque année, des millions de dollars, ponctionnés dans la rente pétrolière dans une entreprise de textile ou dans le complexe d'El Hadjar n'est pas synonyme de la préservation du secteur public». Poursuivant, il estime que «le plan d'action présenté par M. Tebboune à l'APN illustre jusqu'à la caricature l'incapacité du gouvernement à présenter un programme qui énonce au moins les sources de financement du patchwork des mesures listées». Relevant l'absence du moindre objectif chiffré dans le document présenté par Abdelmadjid Tebboune, Mohcine Belabbas qualifie de «chimérique la réforme fiscale annoncée», tout en dénonçant «le choix d'alourdir l'ardoise des impôts des entreprises» qui relève, dit-il, «d'une vision de courte vue». «Cette option de court terme est d'ailleurs confirmée par la recherche d'orienter les ressources disponibles dans des projets de rentabilité immédiate en dehors de toute cohérence d'ensemble. La charge d'impôts supplémentaires sur des contribuables loyaux risque de précipiter nombre d'entre eux, au mieux, dans la compression des effectifs sinon dans l'informel», ajoute-t-il. Et de souligner : «Lorsque nous disions que le pays allait à la dérive à cause d'une politique qui privilégie une stabilité de façade avec l'achat de la paix sociale et la répression des libertés au détriment d'un projet de développement qui réhabilite la planification et la liberté d'entreprendre, le pouvoir et ses relais nous traitaient d'extrémistes qui font le jeu de l'étranger.» Revenant sur l'annonce du Premier ministre et de sa volonté d'ouvrir le dialogue avec les partenaires politiques et sociaux, le président du RCD appelle d'abord à la mise en place «d'un cadre tripartite rénové». «Pour le RCD, le dialogue avec les partenaires sociaux représentatifs doit être la règle. Cette démarche ne doit procéder ni d'un bricolage de circonstance ni d'une improvisation. Le cadre de la tripartite rénové, c'est-à-dire ouvert aux syndicats autonomes et à toutes les organisations professionnelles et patronales à égalité, est l'instrument idoine», précise-t-il. Pour Mohcine Belabbas, «c'est le pouvoir qui refuse le dialogue». «Au plan plus général, à travers sa démarche de construire avec l'opposition une offre de sortie de crise, le RCD estime que c'est le pouvoir qui refuse le dialogue pour sortir le pays de l'ornière», soutient-il.