Le processus visant la révision du système des subventions est enclenché. Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, annonce officiellement le début de la démarche tendant à prendre l'avis de la classe politique et des représentants de la société civile sur cette question. Le premier responsable du gouvernement, qui avait dévoilé à l'occasion de la présentation de son plan d'action au Parlement la décision d'introduire des changements sur la politique des subventions, a donné, samedi dernier, des détails sur la procédure adoptée en vue d'arracher «le consensus politique voulu». Dans une déclaration à la presse, Abdelmadjid Tebboune affirme avoir saisi officiellement la présidence de la République et attend son quitus pour entamer les consultations voulues. «La circulaire a été envoyée aujourd'hui au président de la République, et dès qu'il me donnera la primature, on entamera la phase de dialogue et de concertation», dit-il, en précisant que «les partis représentés à l'Assemblée populaire nationale (APN), les organisations de masse et les syndicats seront sollicités pour donner leur avis sur le sujet». «Le consensus est obligatoire dans les affaires qui concernent toute la nation. Nous sommes arrivés à une situation où des gens sont devenus très riches et d'autres très pauvres. On touche à une politique qui dure depuis quatre décennies», déclare-t-il. Ainsi, le gouvernement s'apprête à organiser une conférence nationale durant laquelle les participants feront leurs propositions. C'est sur la base de la synthèse des travaux de cette conférence que les experts interviendront afin d'élaborer le nouveau système des subventions. L'Exécutif aura-t-il son consensus sur cette «question d'importance nationale» ? Réussira-t-il à mettre un terme à une politique qui aura duré plusieurs décennies ? Vers des débats houleux Les premières réponses sont déjà connues. Des partis et des syndicats ayant réagi à l'appel du Premier ministre ont affiché clairement leur rejet de toute décision de «toucher aux acquis sociaux des Algériens». A l'occasion de la réunion de son conseil national vendredi dernier, le Front des forces socialistes (FFS) a clarifié sa position concernant ce sujet. «Au FFS, nous affirmons que le caractère social de l'Etat est une ligne rouge. Toute tentative de le remettre en cause à travers le paravent d'un consensus national factice est une manœuvre qui n'a rien d'innocent. C'est un retour aux vieilles pratiques du régime, qui consiste à récupérer toutes les initiatives sérieuses émanant de partis patriotiques pour désactiver leur contenu politique et les vider de leur sens», estime le premier secrétaire du parti, Abdelmalek Bouchafa. Premier à s'exprimer sur cet appel, le RCD invite le pouvoir à ouvrir un vrai dialogue avec les partenaires sociaux. «Pour le RCD, le dialogue avec les partenaires sociaux représentatifs doit être la règle. Cette démarche ne doit procéder ni d'un bricolage de circonstance ni d'une improvisation. Le cadre de la tripartite rénové, c'est-à-dire ouvert aux syndicats autonomes et à toutes les organisations professionnelles et patronales à égalité, est l'instrument idoine», souligne le président du parti, Mohcine Belabbas, lors du conseil national du RCD, à la fin du mois de juin dernier. De son côté, le PT se dit opposé à toute atteinte aux acquis sociaux des Algériens, d'autant plus que, indique le chargé de communication du parti, Djelloul Djoudi, «des expériences similaires appliquées dans d'autres pays se sont avérées catastrophiques». Certains partis se sont montrés, en revanche, favorables à la révision du système des subventions. C'est le cas des formations islamistes, à l'image du FJD, dont le député Lakhdar Benkhallaf s'est félicité de la démarche du dialogue et de l'éventuelle réforme du système des subventions. «En ce qui concerne les subventions, le problème est posé depuis longtemps. Nous sommes pour un dialogue permettant de revoir ces subventions de façon à ce qu'elles reviennent aux nécessiteux», soutient M. Benkhallaf.