- En plus du déclin du niveau en maths, on constate un manque d'engouement pour la filière ? Quelles en sont les causes ? Plusieurs facteurs expliquent, en effet, le manque d'engouement des élèves envers la filière des mathématiques, engendrant ainsi une baisse du niveau dans cette filière. On peut citer la tendance générale chez nos élèves qui préfèrent la facilité. En l'absence de motivations réelles pouvant justifier le choix de cette filière, les meilleurs élèves dans la matière de mathématiques préfèrent se diriger vers des spécialités offrant un plus large panel d'options pour les carrières professionnelles. Comment convaincre un élève, quand bien même excellent en maths, de choisir cette filière, alors qu'il aura le même résultat en choisissant une spécialité «moins difficile». La faiblesse des résultats dans la filière en raison du manque d'enseignants spécialisés peut également être considéré comme épouvantail, sachant que le secteur compte à chaque rentrée un déficit de 10% à 20% d'enseignants de mathématiques. Le secteur est contraint de faire appel à des enseignants non spécialisés pour jouer ce rôle, avec ce que cela peut engendrer dans la qualité de l'enseignement. - Des mesures ont été pourtant prises… Les bacheliers issus de la filière mathématiques peuvent en effet postuler à certaines spécialités qui étaient exclusivement destinées par le passé aux «scientifiques», mais cela est loin de constituer une motivation. Les bacheliers matheux se perdent dans d'autres filières qui ouvrent des possibilités de carrière plus avantageuses sur le plan matériel, en l'absence d'école supérieure ou de laboratoire de recherches dans le domaine, qui peuvent être une vrai débouché pour ces élèves qui n'ont actuellement pas beaucoup d'issues professionnelles à part l'enseignement, pour ceux qui ne sont pas captés par les universités étrangères. Il faut également introduire des avantages matériels en faveur des diplômés de mathématiques pour les fixer dans des postes d'enseignement, actuellement désertés. - Quelle politique donc pour que les mathématiques séduisent à nouveau ? Aucune politique de réforme ne sera efficace sans de vrais débouchés professionnels pour les diplômés de cette filière. La revalorisation du diplôme des filières mathématiques doit être concrète avec des postes de responsabilité dans l'administration. Le matheux ne doit pas être confiné dans le secteur de l'enseignement. Il y a également urgence à multiplier les écoles supérieures de formation des enseignants et des instituts spécialisés avec des mesures d'encouragement pour les matheux bacheliers à s'y inscrire. Enfin, il est urgent de remédier aux anomalies dans le fonctionnement du lycée des mathématiques d'excellence, dont les sortants ne bénéficient d'aucun traitement de faveur lors de l'orientation, ce qui est en soi un facteur dissuasif pour de nombreux élèves brillants.