L'artiste peintre et graphiste Otmane Mersali expose sa dernière collection de peinture, intitulée «Le chemin de la lumière», jusqu'au 31 juillet, à la galerie Mohamed Racim à Alger. Il suffit de faire un petit horizon pour constater que le plasticien Otmane Mersali est un inconditionnel des grandes et belles villes. En effet, à travers la trentaine d'œuvres aux dimensions grandeurs nature exposées, le visiteur est ébloui par les tracés et par les couleurs proposés. Installé en France depuis quelques années déjà, Otmane Mersali, s'inspire des espaces urbains qu'il connaît fort bien et qui l'ont émerveillé. Cette collection qui se décline sous la forme d'un voyage initiatique, happe, d'emblée le regard par ces destinations diverses mais ô combien agréables à voir ! Pour le plasticien, dont le format n'a aucune importance dans les arts plastiques, met en exergue les lieux où il a vécu. On retrouve ainsi, Oran sa ville d'adoption. Alger où il a complété sa formation académique et Paris la ville où il a décroché son diplôme. Cette exposition se targue de contenir plusieurs œuvres dont la thématique est l'architecture de La Casbah d'Alger avec ses femmes drapées de haïk et ses venelles étroites. Dans «Ruelles à Alger» ou encore «La parlote», seules ou en groupes, des femmes aux regards gracieux et à la posture magistrale semblent raconter un des pans de l'histoire de cette médina ancienne. Le jeu d'ombre et de lumière donne plus de force à l'œuvre. Otmane Mersali confie que son thème de recherche est de marier l'abstrait et le figuratif. Cet artiste engagé précise que peindre ces femmes voilées est un acte de militantisme. C'est une manière, pour lui, de préserver le haik traditionnel, qui est de nos jours en voie de disparition. Comme l'indique son titre, «Souk à Oran» décrit les senteurs épicées de ce lieu fourmillant de monde. «Oran Bab El Hamra» est un autre tableau peignant dans un jeu de superposition l'architecture d'un bâti ancien et avec au sommet une montagne verdoyante. Le plasticien n'est pas insensible à tout ce qui se passe dans le monde. Preuve en est avec ces deux tableaux intitulés «Les migrants» et «Le radeau de l'espoir». Comme il le dit si bien l'artiste est le témoin de son temps. Il se doit d'immortaliser des séquences précises de son époque. «Il faut que l'artiste dénonce les injustices et les malveillances qui se passent dans son pays et ailleurs», ajoute-t-il. Agé de 65 ans, Otmani Mersali a décidé de se consacrer entièrement à la peinture au sein de son atelier à Argenteuil en France. En témoigne cette collection riche en symbolique et en énergie. Bien qu'habituellement n'aimant pas donner de titres à ses tableaux, l'artiste a opté cette fois-ci pour des intitulés. «Dans ma vison de travail, explique t-il, je voudrais que le public participe à l'œuvre. Il ne faut pas tout lui donner mais lui proposer que l'essentiel. J'ai donné, cette fois-ci des titres pour différencier les œuvres les unes des autres.» Le processus de réalisation de toute œuvre pour cet artiste repose en premier lieu sur un croquis. Il commence son sujet d'une façon très figurative pour ensuite le déstructurer en petits volumes pour qu'ils deviennent fragments, voir eabstraits. Vers la fin de l'œuvre, il ajoute des silhouettes pour aider le lecteur à lire l'œuvre. Si le plasticien s'est servi d'une palette riche en couleurs, il n'en demeure pas moins que sa couleur de prédilection reste les différents tons de bleu de la méditerranée. Il est à noter que Otmane Mersali a étudié la peinture à Oran et à Alger. Il a décroché une bourse pour poursuivre ses études à Paris, où il a obtenu un DEA en arts plastiques. Il est récipiendaire de plusieurs récompenses dont, entre autres, en 1975, la médaille d'or à Berlin au Festival mondial de la jeunesse avec l'école d'Alger ; en 1982, premier de l'affiche du XXe anniversaire de l'indépendance ; en 1983, la médaille d'argent à l'Exposition internationale d'arts graphiques à Naples ; en 1987, le troisième prix de l'affiche sur l'espacement des naissances à Alger et premier prix de l'affiche du XXe anniversaire de l'indépendance à Alger et en 1990, le premier prix du Concours national de peinture à Oran.