L'une pétrolière, l'autre exclusivement agricole malgré le trabendo. L'une riche en rentrées fiscales, l'autre démunie, les faits ont voulu que Hassi Messaoud et Taïbet toutes deux daïras de la wilaya de Ouargla soient associées à un même problème. Il s'agit, selon les agriculteurs des deux zones, de la nourriture des dromadaires. Un cheptel qui commence à peine à reprendre son essor dans la wilaya et qui risque de mourir de faim dans ces deux localités pour deux raisons distinctes. A Hassi Messaoud, les habitants des bidonvilles s'approvisionnent en bois de chauffage du rare couvert végétal entourant la ville qui a justement permis au camelin de survivre et de continuer sa transhumance depuis toujours. Eté comme hiver avec un surplus de consommation évident à partir de l'automne, les familles des bidonvilles font usage du bois pour la cuisine et le chauffage par économie pour certains qui s'abstiennent d'acheter du gaz butane ou par manque de moyens pour d'autres qui arrivent à peine à joindre les deux bouts. Ce serait pour des raisons purement écologiques, ricanent les uns qui voient dans la doléance des éleveurs de dromadaires de Hassi Messaoud, un problème superflu à côté de tous les maux de la capitale du pétrole qui n'est pas à vocation pastorale, précisent-ils. L'argument est faux pour la simple raison qu'agriculteurs et éleveurs ont toujours existé là-bas et que Messaoud Rouabah, celui dont la ville porte le nom est lui-même un chaâmbi, éleveur de chameaux venu en prospection de nouveaux pâturages et sources d'eau. Ce souci est bien arrivé aux oreilles des responsables locaux mais rien ne bouge pour le moment puisque la solution radicale qui est le déplacement des habitants des bidonvilles vers un emplacement proche du projet de la nouvelle ville Hassi Messaoud n'est pas pour demain. Pour le cas de Taïbet, le manque de pâturage a conduit les dromadaires droit dans les exploitations agricoles auxquelles ils s'attaquent ces derniers temps, dévastant les cultures. Cela est valable surtout dans les périmètres non clôturés ou lointains où les petites cultures de saison sont endommagées, au grand dam des agriculteurs. A Taïbet, la commune est loin d'avoir négligé le problème, elle a même pris des dispositions pompeuses qui la concernent directement, à savoir l'affectation de ses véhicules à la surveillance et à la filature des dromadaires égarés. La seconde disposition concerne les éleveurs auxquels la commune prévoit d'imposer l'indemnisation des agriculteurs après le constat en bonne et due forme de l'implication de leur cheptel dans le préjudice des cultures. Autant de signes de bonne volonté mais restés au stade de la décision administrative qui attend son application effective. Le malheur des uns et des autres est là pour témoigner des problèmes d'un secteur important qui nécessite une réelle reprise grâce à une stratégie réaliste.