Tous les médecins exerçant dans les cabinets de consultation et de soins médicaux et dentaires, les laboratoires d'analyses médicales, de radiologie, les différents établissements de jour privés, tels que les centres de diagnostic, les cliniques de chirurgie dentaire, les centres d'ophtalmo, d'ORL et de cardiologie ont l'obligation de tenir un service de garde la nuit, les week-ends et les jours fériés. Sur instruction émanant du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, les médecins exerçant à titre privé sont désormais, et ce, depuis jeudi dernier, sommés d'assurer un service de garde. Une décision qui intervient quelques jours après le décès d'une parturiente et de son bébé dans la wilaya de Djelfa et qui semble être difficile à digérer par le corps médical privé. En quoi consiste cette nouvelle instruction ? En bref, tous les médecins exerçant dans les cabinets de consultation et de soins médicaux et dentaires, les laboratoires d'analyses médicales, de radiologie, les différents établissements de jour privés, tels que les centres de diagnostic, les cliniques de chirurgie dentaire, les centres d'ophtalmo, d'ORL et de cardiologie ont l'obligation de tenir un service de garde la nuit, les week-ends et les jours fériés. Une liste des cabinets et autres structures médicales privés de garde est établie mensuellement par les directeurs de la santé et de la population avant le 20 de chaque mois. Pour le Dr Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins, la mobilisation du corps médical privé ne se fait que dans des circonstances exceptionnelles prévues dans la loi tels que les situations de catastrophe, de guerre, d'épidémie, ou cas de force extrême au niveau local ou pour tout une nation. «Pour cette décision, elle intervient suite à un incident individuel local où la justice n'a pas encore tranché et dans une période de grandes vacances et de congés annuels et concerne en premier lieu les gynécologues obstétriciens. Dans le corps de cette instruction, la garde se fera donc dans le cabinet du médecin, et cela veut dire que le malade devra se déplacer au cabinet du médecin et qu'il paiera les honoraires du médecin. Donc, cela devient une consultation forcée et non une garde, sauf lorsqu'il s'agit de cas d'urgence nécessitant une intervention chirurgicale. Un acte délicat qui ne peut être fait dans un simple cabinet. Le malade finira systématiquement dans un établissement hospitalier public, avec une lettre d'orientation à la main et du temps perdu», déclare notre interlocuteur qui qualifie cette décision de fausse solution pour un véritable problème. Pour la spécialité de gynécologie obstétrique, il ne nie pas la présence d'un véritable problème étant donné que durant cette saison d'été, les naissances connaissent un boom, même si leur nombre n'est pas négligeable durant toute l'année. «Les établissements hospitaliers, qu'ils soient universitaires ou pas, sont totalement dépassés par le nombre de parturientes. Pour y remédier, il faut que les responsables pensent à la prévention et réfléchissent aux manières pour pallier les différents manques. Dans ce dernier volet, je citerai le manque de locaux pour accueillir ces femmes, les lits, le matériel en tout genre, y compris les couveuses pour les bébés prématurés. En plus de cela, il y a également un grand manque dans les ressources humaines, à savoir les médecins mais aussi et surtout les sages-femmes qui n'ont toujours pas de statut propre à leur métier. En plus de ce statut, elles doivent également bénéficier de formation, de cours de déontologie et augmenter leur nombre», recommande-t-il avant de rebondir sur le sujet du service civil, qui selon ses propos est un véritable échec. Il explique ceci par le fait que le médecin n'est pas permanent à son poste et le quittera après une durée bien définie. «Au lieu de mettre des drapeaux là où il ne faut pas, il faut revoir les salaires des médecins, leur fournir des conditions d'accueil à la hauteur de leur fonction médicale, des billets aller-retour pour ceux qui sont au Sud, comme le fait Sonatrach et d'autres mesures d'encouragement pour motiver les médecins à s'installer dans ces régions qui accusent un manque et non pas mettre des pansements dans des jambes de bois. Il est vrai que le médecin est à la disposition de l'Etat et du citoyen, mais imposer une pareille mesure n'aura pas des résultats mitigés mais nuls. Nous devons être réalistes. Etablir une loi générale à partir d'une situation complexe due à des raisons indéterminées ne servira à rien sauf à la contestation», ajoute le Dr Bekkat Berkani qui trouve plus judicieux de revenir au système de contrat avec des médecins exerçant dans le privé afin d'y assurer des gardes et y accomplir des actes chirurgicaux que d'obliger ces médecins à travailler de nuit dans leur propre cabinet. Une proposition qui ne saurait dépasser ce stade tant que le ministère, sous la conduite du Pr Mokhtar Hasbellaoui, ne l'aura pas prise en considération.