Le taux de chômage estimé à 12,3% au niveau national est reflété dans la wilaya de Boumerdès par un net solde négatif entre les offres et les demandes d'emplois. En effet, d'une part, plus de 10 000 demandes déposées n'ont pas été satisfaites, et, d'autre part, beaucoup plus de demandes ne passent pas par les agences de l'emploi et ont, plutôt recours au marché informel, ou tout simplement végètent dans l'attente d'une «occasion en or», souvent à destination de l'étranger. En outre, le dispositif d'emploi n'est pas sans faille. Des demandeurs ont fait part de certains comportements où les passe-droits et autres favoritismes se pratiquent parfois ouvertement lors des recrutements. C'est ainsi qu'on omet parfois d'afficher une offre pour la réserver à certains. Employé dans une entreprise privée, Omar raconte : «Une fois nous avons demandé à l'AWEM d'afficher une offre de 5 conducteurs légers. Le lendemain, je suis passé pour voir si l'affichage avait eu lieu. Il n'en fut rien, pourtant, dans l'après-midi, j'ai reçu des postulants.» Une archiviste en bibliothéconomie abonde dans le même sens: «On m'a dit de m'adresser à la CNAS de Boumerdès. Quand j'y suis allée, on m'a rétorqué qu'ils ne recrutaient pas. J'ai su plus tard que les recrutements se faisaient à la DG de Ben Aknoun, à condition de connaître quelqu'un.» Ces cas de figure et bien d'autres n'apparaissent pas dans les statistiques. Ce qui en atténue énormément la portée. Donc, les chiffres de l'Agence nationale de wilaya de l'emploi (AWEM) ne reflètent pas la réalité. Son dernier communiqué porte à la connaissance de l'opinion qu'au dernier semestre, sur 17 918 demandes d'emplois il n'y a eu que 7796 offres, dont 5189 du secteur privé national et 463 des entreprises étrangères installées dans le pays. De plus, seulement 6511 de ces demandes ont été satisfaites. Les placements ont touché différents domaines. A leur tête, l'industriel, avec 2 375 embauches, puis vient le BTPH, avec 1 613, les services, avec 1433 et l'agriculture d'une manière insignifiante, avec 143 cas. C'est l'embauche classique qui a enregistré un solde positif de 2% par rapport à l'année écoulée pour la même période. En effet, 5 571 placements de ce genre se distribuent respectivement au niveau de l'industrie 2375, d'ETPH 1613, des services 1438 et de l'agriculture 145. Ce dernier secteur «échappe à tout contrôle», selon des observateurs avertis qui font remarquer que malgré les déclarations de «manque de main-d'œuvre», au point de recruter clandestinement des ouvriers maliens, notamment, ou des saisonniers, au niveau officiel rien ne transparaît. C'est pourquoi, il relativise le chiffre de 143 placements classiques dans l'agriculture. Autre bémol, c'est les offres de types «emplois contractuels subventionnés», qui est de l'ordre de 871 et ceux dans le cadre d'aides à l'intégration (454). Il s'agit souvent d'emplois précaires ou des contrats à durée déterminée (CDD). Toutefois, pour le premier type, on note quand même des offres de recrutement de 539 licenciés. Même si cela reste en deçà de la demande au vu du nombre de licenciés sortis de l'université, c'est le chiffre le plus important comparativement à celui de ceux qui n'ont aucune qualification.