Des chantiers lancés et abandonnés depuis deux ans, des dégradations importantes apparues sur des infrastructures patrimoniales et un grand danger menaçant les passagers, tel est l'état déplorable des mosquées de la ville de Constantine. Ces dernières, dont la majorité représente un patrimoine historique, ont fait l'objet de la grande opération de restauration inscrite dans le cadre Constantine capitale de la culture arabe 2015 (CCCA). Des projets qui devraient être achevés et livrés il y a plus d'une année. Deux ans après, les chantiers sont désertés et les autorités trouvent des difficultés à relancer les travaux et achever les réhabilitations entamées. Car, la situation est plus délicate, vu l'état de dégradation avancé qu'ont subi ces lieux de culte. On n'a pas besoin d'être expert pour évaluer les dégâts survenus sur les lieux. Des entreprises ont décapé les murs, enlevé les toitures et démoli des parties de ces mosquées pour les reconstruire après. Malheureusement, aujourd'hui on fait face à un désastre, quand ces entreprises mêmes ont quitté les lieux et n'ont pas achevé ce qu'elles ont entamé. Qu'y a-t-il exactement ? Pourquoi ces chantiers sont à l'arrêt ? Notons à titre d'exemple la mosquée Arbaïne Chérif, qui connaît une dégradation sans précédent, après l'enlèvement de la toiture depuis des mois. Ceci dit, la mosquée de l'intérieur n'est plus protégée contre les pluies. Le même constat a été signalé pour les autres chantiers, à l'instar de la mosquée Sidi Lakhdar. Pour ce qui est de Djamaâ El Kebir et la mosquée de Hacène Bey, elles ont été rouvertes aux fidèles sans qu'elles ne soient achevées. Le taux d'avancement des travaux des deux mosquées est respectivement de 85% et 90%. Selon une source bien au fait du dossier, tous les problèmes qui se posaient auparavant n'ont pas été réglés, comme l'a déclaré le ministre des Affaires religieuses et celui de la Culture lors de leurs visites à Constantine. «L'obstacle primordial, qui entrave la relance des travaux est d'ordre administratif. Les chantiers ont été lancés dans la précipitation sans respecter les procédures réglementaires», a déclaré notre source. Et d'expliquer : «Des entreprises ont entamé les travaux de manière non réglementaire. En d'autres termes, sans qu'il y ait une étude. D'autres réhabilitations ont été lancées sans l'achèvement de l'étude. En plus, certains bureaux d'études et entreprises désignées n'ont pas été payés à ce jour. Ces édifices font maintenant l'objet de la mauvaise gestion, qui a contribué à la destruction d'un patrimoine au lieu de sa restauration». Sur quelle base ou selon quelles instructions, ces entreprises ont mené un chantier sans étude ? Pour sa part, le nouveau directeur de la culture chargé du suivi de ces projets, Aribi Zitouni, estime qu'il n'y a aucun problème de financement. «Toutes les entreprises et les bureaux d'études sur les chantiers ont été payés. Nous avons réglé toutes les situations financières de 2016, il n'y a aucun problème d'argent», a-t-il dit. Et de poursuivre : «Actuellement nous sommes sur la régularisation administrative des dossiers des entreprises chargées des travaux. Le wali nous a instruit d'organiser des séances de travail et des réunions avec les bureaux d'étude, afin de trouver un terrain d'entente et démarrer les travaux avant l'arrivée de l'hiver. Tout cela bien sûr tout en respectant les budgets de réhabilitation proposés par la wilaya, sans exagération par les entreprises.»