Les déchets envahissent de plus en plus les chefs-lieux des communes de la vallée de la Soummam depuis la fermeture de la décharge de Biziou, dit-on, pour cause de non-conformité aux normes environnementales et sanitaires. A ce jour, aucune solution n'est trouvée en dépit des multiples manifestations de rue organisées par la population locale afin d'interpeller le wali de Béjaïa dans le but de «la réouverture immédiate de la décharge publique et l'installation d'une déchèterie, et tirer la sonnette d'alarme sur la situation dans laquelle vit la population depuis des mois». Les places publiques, les hôpitaux et les quartiers deviennent invivables à cause de l'insalubrité et les odeurs nauséabondes qui s'échappent des amas d'ordures entassés dans tous les coins et recoins. Les sacs-poubelles sont partout. Ils sont déposés ou jetés n'importe où. La situation a d'ailleurs donné un mouvement de contestation, utile certes, mais incertain. Sans solution envisageable, les nombreuses réunions n'ont pas abouti à une issue exploitable. Les pouvoirs publics et la société civile s'accusent mutuellement sur l'origine du problème et les multiples réunions et rencontres ont buté sur un refus des uns et des autres d'assumer la responsabilité de ce chaos. Depuis, c'est un bras de fer qui est engagé entre les autorités locales et les collectifs des citoyens où toutes les négociations ont échoué. L'Assemblée populaire communale d'Akbou avait promis de réaliser des travaux de viabilisation à l'emplacement de la décharge, ce qui ne s'est pas concrétisé jusqu'à nos jours. A cet effet, le collectif des citoyens de Biziou s'appuie sur le fait que la décharge ne soit pas bien équipée pour maintenir sa fermeture. Ces mêmes habitants n'en peuvent plus des émissions de fumée et la pollution qu'engendre la mauvaise gestion de la décharge en question. Par ailleurs, l'épisode de l'APC Akbou, qui n'a pas honoré ses engagements, n'est pas encore digéré par les citoyens. Au contraire, il a creusé le faussé entre, d'une part, les deux collectifs de citoyens (Akbou et Biziou), et d'autre part entre les pouvoirs publics et la société civile. Ce qui rend la situation très délicate. «Ils ont trahi leurs engagements, à savoir aménager la décharge et la rendre opérationnelle et conforme», ont expliqué les initiateurs de ce mouvement.
Débat confus Malgré les tentatives de dialogue lancées par le collectif des citoyens d'Akbou, le débat n'a jamais eu lieu avec les autorités locales. C'est à se demander si les autorités ne pousseraient pas la situation au pourrissement et à la confrontation entre les habitants d'Akbou et ceux de Biziou, s'exclament les représentants des comités des villages d'Ighram, de Chellata et d'Akbou. «Nous nous sommes déplacés cinq fois à Biziou sans succès, nous devons unir nos énergies pour pouvoir espérer une solution définitive à ce problème. Y a-t-il un enjeu plus important que celui de vivre dans la propreté ?», s'interroge Benhammouche Fares, représentant du village colonel Amirouche. Les citoyens entendent pousser les autorités locales à répondre à leurs revendications qui ne sont en rien difficiles si ce n'est la mise en place d'une décharge afin de débarrasser les rues des sacs noirs. «Nous n'avons pas voulu en arriver à la fermeture. C'est la sourde oreille des autorités qui nous a poussés à une telle action», confie Bouchiche Djamel, l'un des représentants du collectif des citoyens d'Akbou. «Nous avons discuté avec le secrétaire général de la wilaya et le chef de daïra d'Akbou, personne n'a donné de suite. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer ?» poursuit-il. Et d'ajouter : «Nous sommes toujours dans l'attente d'un hypothétique rendez-vous avec le wali de Béjaïa», conclut-il.