Les autorités algériennes ne sont pas encore disposées à ouvrir l'espace aérien à la concurrence. Invité, mercredi soir, au Club excellence management, à l'hôtel El Aurassi, à Alger, Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, l'a confirmé avec cet argument : « Tant que la restructuration d'Air Algérie n'est pas achevée, il n'y aura pas d'autorisation d'exploitation pour les compagnies aériennes privées. » La priorité, selon lui, est de permettre à Air Algérie, qui exerce un monopole de fait sur les lignes intérieures, de se déployer au niveau national. Il a fixé une date : 2009, une année qui coïncide avec la fin de mandat présidentiel de Abdelaziz Bouteflika. Est-ce à dire que l'épisode Khalifa a bloqué toute volonté d'ouverture ? Mohamed Maghlaoui, qui refuse de parler de « mauvaise gestion » à Air Algérie, reconnaît les retards qu'enregistre cette compagnie au niveau du réseau domestique et les faiblesses dans la prestation de services. Des études sont menées pour « améliorer » la situation, selon lui. Il n'écarte pas la possibilité à terme d'ouvrir le capital de cette entreprise. A ses dires, Air Algérie est soumise à l'application des normes de l'aviation civile internationale. Il annonce que l'enquête sur le crash en Italie, l'été 2006, d'un avion-cargo de cette compagnie n'est pas encore achevée. En somme, le ministre est formel : « Air Algérie n'est pas défaillante. » Peu avant, Mohamed Maghlaoui regrettait « la levée tardive » du monopole de l'Etat sur le secteur des transports terrestres et maritimes. A une question d'Issad Rebrab, patron de Cevital, le ministre précise que l'Etat n'est pas prêt à céder la construction et la gestion des ports aux opérateurs privés. A l'avenir, la gestion sera possible à condition que le privé fasse preuve de professionnalisme et de savoir-faire. Le code maritime, à l'examen actuellement, sera amendé de sorte à permettre ce genre d'opération. L'amendement risque, lui, de durer dans le temps puisque le code maritime compte pas moins de 1000 articles. Selon le ministre, les ports algériens manquent d'efficacité. « En moyenne, 9 containers sont traités en une heure contre 30 dans les ports du nord de la Méditerranée », lance-t-il, suscitant une petite réaction dans la salle. Mohamed Maghlaoui, qui a eu recours au data-show, histoire de « mettre à jour » la communication, alors le site internet du ministre est hors-service, parle également d'un gros plan de modernisation du secteur des transports doté de 1000 milliards de dinars (presque 14 milliards de dollars). Un programme qui souligne, d'une manière évidente, le retour de l'Etat dans la gestion. D'abord, il est question de ressusciter les régies de transport urbain, à l'image de la célèbre Etusa d'Alger. Ensuite, l'Etat entend construire 35 gares routières à travers le pays. Le transport par téléphérique sera relancé à travers, notamment, Alger, Blida, Skikda et Annaba. Sans fixer de date, le ministre parle de la première ligne de métro à Alger (entre Tafourah et Haï El Badr) et évoque la possibilité de céder la gestion au privé. Il a annoncé le lancement de projets de tramway à Alger, Sidi Bel Abbès, Sétif et Annaba et de projets de type RER. Au niveau central, des plans de circulation seront élaborés pour chaque wilaya. Le ministre critique « les opérateurs non qualifiés » qui activent dans le secteur du transport terrestre au moyen de « microbus ou camions aménagés ». Citant des statistiques, il indique que les Algériens se déplacent, à l'intérieur des villes, à 60% au moyen de transport public. A en croire le ministre, le rail, dont la présence dans le secteur des transports ne dépasse pas les 10%, est presque en faillite avec un parc vieillissant de locomotives. Le pays, selon lui, recense 500 accidents ferroviaires par an. Le comble ? « 50% des trains arrivent en retard », dit-il. Il explique, schémas à l'appui, le projet de « la grande dorsale » ferroviaire qui va relier les frontières Est à celles de l'Ouest. Interrogé par un ex-cadre de Sonatrach sur les retombées écologiques de certains projets, Mohamed Maghlaoui est convaincu que le tram et le métro aident à limiter la pollution atmosphérique. Il n'est pas favorable à l'établissement d'un permis de conduire à points (le cumul d'un certain nombre de points équivaut à un retrait définitif de l'autorisation de conduite). « Cela exige une certaine logistique », dit-il. Le nouveau code de la route a permis, selon lui, la réduction du nombre des décès (estimé à 800) et des blessés. « Les méthodes d'enseignement dans certaines auto-écoles n'ont pas évolué depuis 1962 », observe-t-il, annonçant la création prochaine d'un centre national du permis de conduite. Il salue l'aide de BP Algérie (British Petroleum) dans la campagne de prévention routière. Le projet, qui porte le sobriquet d'Aladin, est axé sur l'utilisation du portable au volant, la vitesse et la fatigue. Le Club excellence management vient de décrocher un contrat de sponsoring d'une année avec BP Algérie.