70 000 travailleurs du personnel pédagogique, d'encadrement et de l'administration scolaire sont partis en retraite anticipée, et ce, pour échapper aux dispositions de la nouvelle loi qui met fin à la possibilité de départ avant l'âge légal. Deux semaines après la rentrée, l'année scolaire n'a pas encore démarré dans une grande partie des établissements scolaires. Le manque d'enseignants, dû notamment au départ massif des effectifs en retraite, offre des vacances prolongées pour des élèves qui n'ont pas encore eu tous leurs enseignants. L'association nationale des parents d'élèves révèle que malgré le discours rassurant des responsables du secteur, les établissements manquent toujours d'enseignants de mathématiques et de physique pour le secondaire et le moyen. Le secteur peine également à combler les besoins en professeurs de philosophie, explique Azeddine Zerrouk, membre du bureau national de cette association. Les deux concours de recrutement de plus de 100 000 enseignants n'ont pas suffi pour régler le déficit en personnel pédagogique. «Deux semaines après la rentrée, les directions de l'éducation sont toujours en phase de convocation des lauréats au concours», souligne Boualem Amoura, président du syndicat national des travailleurs de l'éducation (Satef), qui indique que des dysfonctionnements dans la modalité de recrutement sur concours et d'exploitation des listes d'attente bloquent toujours le processus de renouvellement de la ressource humaine de ce secteur, en proie à une hémorragie sans précédent avec le départ, en 2017, de 70 000 travailleurs du personnel pédagogique, d'encadrement et de l'administration scolaire, en retraite anticipée, pour échapper aux dispositions de la nouvelle loi qui met fin à la possibilité de départ avant l'âge légal. Le Satef indique d'ailleurs que faute de responsables et de personnel d'encadrement, une grande partie des établissements est plongée dans des problèmes qui risquent de perturber la scolarité des élèves. Cette situation est signalée à Chlef, Batna, Khenchela et Mila, affirment des représentants d'enseignants, qui trouvent qu'il existe un lien direct entre le manque d'encadrement et les dysfonctionnements de la distribution des livres, de l'ouverture des cantines scolaires, ainsi que l'inscription des élèves. Le Satef déplore ainsi «un fossé entre le discours officiel et la réalité au niveau local, faute de coordination entre les services du ministère ainsi qu'avec les autres secteurs concernés.» Le début de l'année est également caractérisé par «l'anarchie» générée par le mouvement des transferts des élèves. Le taux de redoublement élevé, notamment dans le cycle moyen, explique les files d'attente au niveau des directions de l'éducation. Des parents d'élèves qui font le pied de grue devant ces directions pour dénicher une place afin de permettre à leur enfant de refaire l'année et échapper à l'exclusion. Ce calvaire pour un grand nombre de collégiens et le lycéens revient chaque début d'année, notamment avec les taux d'échecs aux examens du bem et du baccalauréat frôlant les 50%. Transfert d'élèves : Un casse-tête chinois Les difficultés d'inscription ou de transfert des élèves s'expliquent également par les pratiques «clientélistes» de certains responsables, favorisant l'accueil de certains et le refusant à d'autres, accuse le président du Satef. Cette situation crée un déséquilibre, selon Bachir Hakem, du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (CELA). «Il y a des établissements désertés par les parents et on trouve des fois une vingtaine d'élèves par classe et d'autres à 50 par classe. On n'a jamais osé mettre fin à cela en sanctionnant tous les responsables, parents, proviseurs, directeurs de l'éducation, inspecteurs, ou cadres au ministère qui continuent d'intervenir pour permettre ces transferts spéciaux», accuse le syndicaliste. Certains établissements sont considérés comme étant des établissements VIP. Il est quasiment impossible de dénicher une place dans certains établissements sans «le coup de pouce», dénoncent des parents d'élèves qui se déplacent quotidiennement aux établissements sollicités pour une inscription. «Nous avons à maintes reprises dénoncé ces situations, en vain», souligne M. Hakem, révélant que les inscriptions sont recommandées, pour certains établissements, «par des responsables des directions de l'éducation et du ministère». L'association des parents d'élèves ajoute que «le droit de changement d'établissement garanti par la loi n'est pas respecté au niveau des établissements.»