Ils sont une soixantaine de jeunes Sahraouis à ne plus retrouver leurs repères dans les dédales de l'enseignement secondaire. Jusqu'à la semaine dernière, ils étaient lycéens à Aïn Témouchent, une paisible cité où ils sont probablement nés, loin de la tourmente du Sahara Occidental ; le pays de leurs ancêtres. Depuis mercredi dernier, ils sont devenus mostaganémois par la force des choses. En effet, les lycées du Témouchentois où ils avaient entamé leur scolarité ne pouvaient plus supporter leurs soubresauts d'adolescents. La décision de leur trouver un autre térritoire d'accueil sera vite prise et mise à exécution. Un lycée de Sidi Ali qui accueillait déjà une quarantaine de ces enfants de réfugiés sera leur destination. Disposant d'un internat spacieux, cet établissement leur servira de réceptacle. Mais, les bouillonnants sahraouis ne s'en laisseront pas compter. Devenus plus nombreux, donc à priori plus forts, ils vont semer la panique dans cet établissement. Des sources proches de la direction de l'Education de Mostaganem parlent de coups portés à l'intendant et à deux de leurs enseignants. Il n'en fallait pas plus pour que la machinerie administrative se mette en branle. Mandaté par sa tutelle, le nouveau directeur de l'Education, en déplacement sur les lieux, ne fera que constater les dégâts et prendra les mesures dictées par l'urgence. Pour parer au plus pressé, ce responsable finira par opter pour une solution tronquée. En effet, la véritable prise en charge de cet épineux problème devrait en principe relever d'une autre autorité. S'agissant d'enfants de la « deuxième génération » de réfugiés sahraouis, ce problème ne concerne pas que la direction de l'Education de Mostaganem ou de Aïn Témouchent Il s'agit d'un dossier douloureux et sensible qui relève également de la compétence du commissariat des Nations Unies aux réfugiés et de l'Unicef. Car la scolarité des ces enfants de l'exil ne peut pas se limiter à leur trouver des places dans des internats de province. Les diviser en petits groupes et les affecter à travers les lycées disposant d'un internat ne peut être qu'une solution transitoire inappropriée. En effet, devant l'ampleur du problème et l'absence de toute autre alternative, les responsables auront pris la décision de former quatre groupe de 16, 19 et 11 lycéens qui seront affectés respectivement dans les lycées de Sidi Ali, Mostaganem et Aïn Tédelès ; le dernier groupe composé de 27 personnes est en attente d'une affectation dans une autre wilaya. En attendant de leur trouver une wilaya d'accueil, que vont-ils devenir ? Qui se soucie de leur scolarité à une semaine des premiers examens ? Combien même ils seraient plus turbulents que d'autres, - ce qui reste à prouver- ces enfants de l'errance méritaient certainement une meilleure prise en charge psychologique et matérielle. Sinon, à quoi bon se vanter d'être une terre d'accueil pour tous les déracinés de la planète si on n'est même pas capable d'assurer une scolarité normale à une soixantaine d'enfants dont le seul tort est d'être nés en Algérie de parents venus y trouver refuge et réconfort, suite à l'occupation de leur territoire par l'armée marocaine ? Assurément, ces enfants de l'exode méritaient un autre sort.