Depuis quelques années, l'Union européenne et les groupes pétroliers ne cessent d'inciter l'Algérie à s'adapter à un marché de plus en plus compétitif, en particulier avec la chute des prix du brut, afin d'attirer les investissements nécessaires en vue d'exporter davantage de gaz. Confronté au déclin de la production pétro-gazière, le gouvernement a engagé une réflexion sur la révision de la loi relative aux hydrocarbures en vigueur, en vue de rendre attractif l'investissement dans le domaine minier national. L'annonce a été faite, hier à Alger, par le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni. «Une réflexion est engagée pour réviser la loi sur les hydrocarbures à l'effet d'améliorer l'attractivité de notre pays en direction des partenaires étrangers, notamment dans la prospection et l'exploitation des hydrocarbures», a fait savoir le ministre de l'Energie dans son allocution d'ouverture des travaux de la réunion du Conseil d'affaires algéro-américain. Cité par l'APS, Mustapha Guitouni a motivé la révision de ladite loi par la non-attractivité du secteur des hydrocarbures. «Le signal (pour la révision du texte) a été donné, parce que la situation (de l'infructuosité de ces appels d'offres) ne pouvait continuer (sans réagir), alors que les revenus (pétroliers) s'amenuisent et les activités de recherche et d'exploration diminuent. Nous avions lancé quatre ou cinq appels d'offres pour l'exploration, mais ils ont été infructueux. Face à cette situation, nous avons donc engagé une réflexion et nous sommes en train de travailler sur la loi relative aux hydrocarbures en vigueur et sur ses aspects fiscaux, (de façon) que l'investisseur et l'Algérie soient gagnant-gagnant», a expliqué le ministre. Et d'ajouter : «La loi doit s'adapter à ce contexte, à l'instar de tous les autres pays. Nous réfléchissons encore, mais on va le faire. Quand une loi est élaborée, elle doit épouser la conjoncture actuelle du monde pétrolier qui n'est pas statique, mais dynamique et qui évolue continuellement.» Depuis quelques années, l'Union européenne et les groupes pétroliers ne cessent d'inciter l'Algérie à s'adapter à un marché de plus en plus compétitif, en particulier avec la chute des prix du brut, afin d'attirer les investissements nécessaires, en vue d'exporter davantage de gaz. Au chapitre des changements qui seront apportés à la loi relative aux hydrocarbures, le représentant du gouvernement a évoqué particulièrement la fiscalité, en rappelant que le baril du pétrole était à plus de 100 dollars lorsque le dispositif fiscal avait été introduit dans la loi en vigueur. «Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui avec un baril qui tourne autour de 50 dollars. Nous ne pouvons appliquer le même dispositif fiscal aussi bien pour un baril à 150 dollars qu'à 50 dollars, car l'investisseur ne viendra pas puisque non intéressé», a souligné ministre de l'Energie, sans fournir davantage de détails. Gaz de schiste Par ailleurs, le ministre a soutenu que le dossier du gaz de schiste est encore au stade d'étude et sera traité d'une manière «convenable», à l'instar de ce qui se fait dans les autres pays. Ce gaz non conventionnel est une «option» qui a été prise et vers laquelle «on va y aller et on doit y aller» vu la forte consommation enregistrée en matière du gaz naturel, a-t-il noté, en évoquant de nouvelles technologies permettant d'extraire le gaz de schiste avec moins de risques environnementaux. «Il s'agit de l'avenir des futures générations», a-t-il insisté. L'annonce de Mustapha Guitouni intervient au lendemain des déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Celui-ci avait soutenu, cette semaine à Oran, qu'une révision de la loi sur les hydrocarbures en vigueur était nécessaire «pour attirer de nouveaux investisseurs et améliorer les recettes financières du pays». Il a également «encouragé» Sonatrach à poursuivre ses recherches et investissements dans le domaine des hydrocarbures non conventionnels, dont les hydrocarbures de schiste. Selon une étude réalisée en 2016 par Abdelmadjid Attar au profit du FCE, l'Algérie dispose d'un important potentiel en hydrocarbures. Les réserves récupérables sont estimées 1,4 milliard de barils d'hydrocarbures liquides. Les réserves récupérables en gaz tourneraient autour de 420 à 840 milliards de mètres cubes. S'agissant des hydrocarbures non conventionnels, le potentiel serait de 192 à 240 milliards de barils, dont 14 à 21 milliards de barils de réserves récupérables, alors que celui du gaz s'élèverait à 25 à 140 000 milliards de mètres cubes dont 22 000 milliards de mètres cubes de réserves récupérables. Selon la même étude, le défi de l'Algérie serait de produire 22 000 milliards de mètres cubes avec un taux de récupération variant entre 15 et 20% sur un délai d'exploitation à long terme (2025). L'exploitation du gaz de schiste exige en revanche des investissements très élevés, des moyens logistiques et technologiques avancés et le traitement des eaux. «Les hydrocarbures non conventionnels sont une réalité nécessitant au moins un effort de veille et de suivi pour le moment, parce qu'ils sont les seuls pouvant ralentir le déclin de la production conventionnelle et assurer en partie la sécurité énergétique à long et très long terme», recommandaient les auteurs de l'étude.