La lutte contre le plagiat prônée l'année dernière par le ministre de l'enseignement supérieur Tahar Hadjar n'a pas eu de suites et réduite à un slogan creux. Les cas de plagiats et de tricheries selon les enseignants se sont au contraire amplifiés. La lutte contre toutes les formes de tricheries est devenue l'apanage d'une certaine frange d'universitaires sans vergogne. On y a presque cru. L'année dernière, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique ouvrait l'année universitaire sous le sceau de la lutte contre le plagiat. De l'université Mohamed-Khider de Biskra, ce 18 septembre 2016, Tahar Hadjar, tout en minimisant l'impact du fléau dans l'université algérienne –comparativement à ce qui se passe ailleurs- assiste à un cours inaugural sur la «déontologie universitaire». Toute une symbolique. Seulement, au delà des déclarations, les intentions n'ont pas suivi. Car, rien de concret n'a été entrepris. Pas d'avancée palpable. Ni installation de logiciels anti-plagiat, ni numérisation totale des thèses ou de banques de données centralisées, ni même de garde fous pour punir voir annihiler les tentatives de malhonnêteté intellectuelle. Sauf quelques cas isolés d'enseignants qui se livrent seuls ou en groupe à un Donquichottisme valeureux en luttant contre le désordre régnant. Des enseignants qui refusent de valider un travail suspect ou dénoncent des collègues «tricheurs», il en existe. Seulement, lorsque la loi de l'omerta est installée, les dénonciateurs deviennent des mal-aimés et de renégats à abattre. Ce qui reste toutefois rassurant, c'est que ces universitaires «incorruptibles», même si parfois leurs mobilisations ne sont pas complètement désintéressées, ont le mérite de dire non au rouleau compresseur de l'opportunisme malsain. A l'image de ce collectif improvisé d'enseignants et de professeurs de l'université de Tiaret qui ont conçu un gros dossier, répertoriant, comparant et allant à la source de travaux scientifiques d'origines pour dénoncer ceux plagiés de leurs collègues. Des vols scientifiques avérés, prouvés et annotés pour certain anecdotiques d'autre copiés à 100%. Les documents sont envoyés à tout ce qui peur représenter une autorité dans l'enseignement supérieur. De l'administration de l'établissement tiarti en passant par la direction générale de la recherche scientifique et le ministère de tutelle. Mais quelles ont été les suites à donner ? le seule constat nouveau et le renforcement du dossier toujours actualisé. En fait, rien de vraiment encourageant. Dérives Dans sa contribution qui parait ici, intitulée «La triche, ce fléau qui ternit l'image de l'université!», Dr Amrane Belaïd fait porter le chapeau de la malhonnêteté intellectuelle ambiante à la société toute entière et à la perte des bonnes valeurs. «Le fléau de la tricherie à l'université a dépassé toutes les normes ! Il est presque devenu le secret de la réussite. Nul ne peut prétendre détenir la baguette magique pour éradiquer le phénomène et ce pour la simple raison que, le mal trouve ses racines dans la société elle-même, ou l'impunité se trouve à grande échelle», écrit-il en y ajoutant une portée à l'impunité. Ce qui du reste n'est pas à contredire. Seulement, il faut aller plus loin. Dans le secteur de l'enseignement supérieur toutefois, tous les ingrédients sont volontairement ou pas, mis dans le plat pour concocter un environnement propice à ces fléaux. Pour la gestion des flux, la garantie de «la paix sociale» et atténuer les colères, des glissières en gruyère et des rideaux perméables sont installées. Lorsque les questions des testes et examens ne sollicitent que la partie mémorisation, quand le système de notation n'obéit pas à des barèmes claires et que l'enseignant n'est ni formé ni préparé à l'acte pédagogique, cela ouvre la voie à tous les excès. D'un autre coté, lorsque l'évolution de carrière de l'enseignant est tributaire de la publication d'un travail dans une revue scientifique, cela pousse aussi à surfer sur toutes les manigances. Et lorsque les commissions d'habilitation sont prises d'asseau par des demandes infinies et qu'elles travaillent sur ordre, comment voulez-vous faire valoir un travail honnête ? Cela dit, le ministre de l'enseignement supérieur a annoncé qu'un nouveau décret exécutif sur les conditions et modalités de qualification universitaire a été approuvé par le gouvernement. Le texte n'étant pas encore publié, on attendra de voir les mesures prises. Pour le reste, lutter contre la malhonnêteté intellectuelle ne se décrète pas. Elle s'applique. Et pour ce faire, il faut regagner la confiance des universitaires. Cela passe par l'assainissement de ses rangs de la plus haute hiérarchie au dernier étudiant qui voit son dossier de transfert passer outre la plateforme ministérielle…