Des études menées récemment dans les établissements scolaires d'Alger et d'Oran révèlent que nos adolescents sont de plus en plus exposés au fléau de la drogue. Près de 17% des garçons scolarisés, âgés de 15 à 16 ans, déclarent ainsi avoir expérimenté le cannabis. Il est sûr que les parents d'élèves qui auront à prendre connaissance des résultats de ces enquêtes chercheront, à l'avenir, à inscrire leurs enfants dans les collèges et les lycées les moins ciblés par les trafiquants de drogue. Le tout étant simplement de s'assurer qu'il existe encore des établissements qui ne figurent pas sur les « cartes » des dealers. La situation ainsi décrite peut probablement présenter un côté cocasse. Il n'en demeure pas moins qu'elle pose les termes d'un problème que les pouvoirs publics ont du mal à résoudre. Le trafic de drogue — tout autant d'ailleurs que la corruption — a pris de telles proportions qu'il peut paraître parfois naïf de penser un seul instant qu'il est possible en effet d'en venir à bout un jour. Ce constat décourageant et démoralisant conduit inévitablement à remettre en question la pertinence du choix et la fiabilité des politiques retenues pour lutter contre de tels fléaux. Et compte tenu de la facilité déconcertante avec laquelle les dealers continuent à écouler leur drogue dans les villes et les campagnes, il est même à se demander si les pouvoirs publics disposent réellement d'une politique antidrogue. Car l'expérience a montré qu'à part fabriquer des discours triomphalistes à la chaîne et se contenter à chaque fois de ravaler les façades de la République, les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de l'Etat ne sont que rarement allés au-delà de leurs déclarations d'intention. C'est la raison pour laquelle une multitude de lois importantes et conçues sous le sceau de l'urgence demeurent inopérantes parce que le législateur n'a pas jugé utile de les faire accompagner par des textes d'application. La remarque pourrait être ainsi valable, par exemple, pour toute cette batterie de textes juridiques élaborés à la hâte pour enrayer la corruption, mais qui s'avèrent malheureusement inutilisables parce que les institutions chargées de les appliquer apparaissent n'être que de simples coquilles vides, juste bonnes à servir d'alibi et à orner la vitrine du pays. Partant, y a-t-il vraiment à s'étonner que le Centre national de lutte contre la drogue, un organisme censé pourtant être le fer de lance de la guerre contre les narcotrafiquants, soit presque contraint à ne produire que des statistiques et que les vendeurs de kif aient si facilement accès à nos écoles ?