Décidément, c'est le même scénario vécu pendant les élections législatives de mai dernier qui se répète. Une semaine après le début de la campagne électorale, les candidats tentent vainement de convaincre les citoyens d'aller voter le 23 novembre. Hormis le Front de libération national (FLN), qui avait réussi à remplir la salle en mobilisant par bus des centaines de citoyens à partir des localités éloignées du chef-lieu de wilaya, à l'occasion d'un meeting animé dans l'anarchie totale par le secrétaire général Djamel Ould Abbès, les autres formations politiques ont trouvé toutes les peines du monde pour véhiculer et transmettre leur message aux citoyens. «Ils sont venus nous proposer même des sommes d'argent pour juste assister au meeting animé par le président de TAJ, Amar Ghoul», dénonce un jeune du quartier Draa El Bordj. «Je n'ai jamais voté et je ne voterai jamais tant que ma situation sociale n'est pas améliorée», dit avec colère notre interlocuteur, la quarantaine franchie. Devant les différents panneaux destinés à l'affichage des 234 listes des candidats APC et 14 autres pour l'APW, installés à proximité du siège de la wilaya de Bouira, des jeunes étudiantes de passage lancent : «Ils vont dire quoi au juste pour nous convaincre en cette période d'austérité. Le quotidien des citoyens n'a jamais changé d'un iota.» Panneaux d'affichage vides et candidats démobilisés Au chef-lieu de wilaya, comme ailleurs, rares sont les citoyens qui s'arrêtent devant les panneaux pour prendre connaissance des listes. A Haizer, à 10 km au nord-ouest de Bouira, où nous avons effectué un déplacement jeudi dernier, peu de citoyens ont affirmé qu'ils iront aux centres de vote. «Beaucoup de personnes sont passées par l'APW, l'APC et le Parlement, elles ont juste véhiculé de fausses promesses. Nous sommes habitués à ce genre de discours franchement ennuyeux», nous dit Abderrahmane, père de famille. Ce dernier travaillant comme ouvrier dans un chantier de bâtiment a déploré que son salaire n'ait pas été versé depuis plus de 7 mois. «Qu'ils me (candidats, ndlr) convainquent qu'ils vont apporter une solution à mes déboires et ensuite j'irai voter…», ironise-t-il. Dans les communes de la daïra de M'chedallah, 40 km à l'est de Bouira, c'est le désintérêt total de la population. Hormis les quelques sorties de proximité des candidats, aucun meeting de grande envergure n'a été organisé pour le moment. Un autre fait caractérisant ce début morose de la campagne électorale, c'est l'absence des listes des candidats sur les panneaux d'affichage. Cependant, la campagne électorale semble bien lancée sur les réseaux sociaux. Des candidats chapeautant des listes électorales et des représentants de partis politiques ont créé des pages dédiées exclusivement à l'élection, appelant ainsi les citoyens à aller voter en leur faveur le 23 novembre. Par ailleurs, dans certaines communes rurales, l'administration a, au lieu d'installer des panneaux, recouru aux murs et autres façades des établissements scolaires pour l'affichage des listes électorales. «Même l'administration contribue à l'anarchie», se désole un fonctionnaire du secteur de la santé, déplorant le recours à ce genre d'affichage désordonné, défigurant ainsi les façades des bâtiments et des institutions publics. Pourtant, des moyens financiers ont été mis à la disposition des collectivités pour installer des panneaux d'affichage. La collectivité est-elle à ce point affaiblie financièrement pour ne pas pouvoir dégager des sites adéquats, mettant ainsi à la disposition des formations politiques des panneaux d'affichage de leurs listes ? Ce décor lamentable causé par un affichage anarchique à l'occasion de chaque échéance électorale irrite la population. Car, selon des citoyens, en dépit de l'installation de panneaux et de sites réservés à l'affichage, les colleurs d'affiches mobilisés par les représentants des partis politiques, moyennant des sommes d'argent, optent toujours à placarder les posters des candidats un peu partout.