Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s'est violemment attaqué au pouvoir en place, l'accusant d'être à l'origine du phénomène des harraga, des suicides et de la démission de la population de la politique. Lors d'un meeting organisé, hier, à la salle Harcha-Hassen (Alger) – à moitié pleine – Mohcine Belabbas a donné le ton dans un discours prononcé en moins de 50 minutes. Devant des centaines de militants venus de plusieurs wilayas du pays, particulièrement de Tizi-Ouzou, et en présence de Saïd Sadi, ancien président du parti, Belabbas a d'emblée choisi sa cible : «Nous sommes dans une situation où le pouvoir en place sème le désespoir dans le pays», a accusé le candidat tête de liste du parti dans la capitale, avant de se lancer dans l'argumentaire. Ce désespoir, explique Belabbas, «le pouvoir le sème à travers son discours, à travers ses décisions, à travers son incapacité et son inefficacité». D'ailleurs, enchaînera-t-il, même en matière de slogan pour les législatives du 4 mai, «on a choisi ‘fais entendre ta voix', comme si le scrutin était un cri». «Non ! Les élections, c'est un choix entre les programmes et les solutions pour les problèmes que vivent le peuple et le pays», a lancé le président du RCD, suivi d'un tonnerre d'applaudissements. Et ces problèmes «dont le pouvoir est le seul responsable», se poursuivent, selon lui, «depuis 1962». Belabbas qui semblait décidé à faire le procès du pouvoir, ne s'est pas arrêté là. Le président du RCD s'attaquera à la politique d'austérité choisie par le gouvernement face à la crise économique. «Depuis 2012, ils nous disent qu'il n'y a qu'une seule solution : l'austérité qui a ciblé les poches des citoyens», fustigera-t-il, estimant que lorsque de tels propos viennent d'un ministre ou d'un chef de l'Exécutif, «le désespoir est vite semé et le citoyen consomme sa démission avec le politique». Le candidat du RCD à Alger imputera les phénomènes du "suicide et des harraga» au même pouvoir. Ce désespoir que Mohcine Belabbas qualifie de «dangers» sur la vie, a poussé le RCD à prendre part aux législatives, après avoir boycotté celles de 2012. Et pour s'y préparer, «nous avons commencé à publier notre programme depuis décembre (2016), pour dire aux partis politiques que lorsqu'on va aux élections, il faut d'abord avoir un programme», a-t-il dit, avant de se lancer dans une analyse critique du bilan de tous les partis politiques qui ont siégé dans l'actuelle législature qui tire à sa fin : «Ceux qui se présentent pour un autre mandat après avoir passé cinq ans au Parlement devraient d'abord présenter leur bilan. Il n'en était rien, bien qu'ils y étaient tous, à l'exception du RCD». «Quelle question avez-vous posé ? Quelle commission avez-vous demandé ?», s'est interrogé Mohcine Belabbas, dans une allusion qui vise beaucoup plus les partis de l'opposition. Ces derniers, «deux ou trois", à en croire ses propos, «ont commencé à baisser les bras à l'approche des élections, croyant qu'on ne les a pas vus». Par ailleurs, tout en défendant «le bilan» des députés du RCD durant les mandats 1997-2002 et 2007-2012, «qui ont toujours été contre les lois de finances, ont imposé en 2009 le débat sur la loi de règlement budgétaire et ont voté contre l'amendement constitutionnel de 2008 ayant imposé un homme malade au pouvoir», le successeur de Saïd Sadi a décoché quelques fléchettes contre son frère ennemi de toujours, le FFS. Après avoir détaillé le programme de sa formation, Belabbas accusera : «Un parti croit pouvoir copier de nous quelques titres et en faire un programme en 12 pages». «Mais on lui dit qu'un programme, ce n'est pas seulement des slogans et des titres. Les solutions non plus», assène le leader du RCD. Et de terminer par un appel aux citoyens déconnectés de la chose politique : «Pour changer, il faut militer, faire de la politique et aller voter pour choisir ceux qui peuvent apporter le changement».