De nombreux locataires ont cédé le pas de porte d'un bien, pourtant public, à d'autres pour aller construire sur un lot de terrain acquis au prix fort. On l'aura remarqué suite à l'affichage d'environ 800 lots de terrain à bâtir dernièrement dans la ville de Aïn Beïda, chose qui a provoqué une levée de boucliers de la part de ceux qui se sont sentis exclus. Pourquoi la crise de logement reste toujours en vigueur dans une wilaya ayant bénéficié d'un nombre considérable de programmes d'habitat, tant urbain que rural ? L'éclatement des familles, reconnaissent certains, y est pour beaucoup de choses. Entre autres, la formation de nouveaux couples, lesquels deviennent du jour au lendemain de potentiels candidats au logement. C'est cet état de fait qui a exacerbé la situation, mettant dans l'embarras les autorités de la wilaya. L'autre problème est l'abandon par nombre de bénéficiaires de lots de terrains à bâtir, acquis durant les années 1980, 1990 ou 2000. Des lots de terrain demeurés en jachère, plutôt transformés en décharges publiques par les habitants du voisinage. Qu'en est-il des logements sociaux attribués aux familles durant les années fastes ? Nombre d'entre eux ont été cédés à des familles nécessiteuses. Et le phénomène n'est pas l'apanage uniquement des grandes agglomérations, mais il a touché aussi les petites villes comme Meskiana, Aïn Babouche, Aïn Kercha et d'autres encore. Les premiers locataires ont cédé le pas de porte d'un bien, pourtant public, à un nouveau locataire pour aller construire sur un lot de terrain acquis au prix fort. Présentement, le nombre de demandeurs de lots de terrains et de logements sociaux ne cesse de prendre de l'ampleur. Aïn M'lila, Aïn Beïda, Oum El Bouaghi et Aïn Fakroun sont les localités qui connaissent le plus grand nombre de demandes. Comment y faire face et résoudre cette insoluble équation ? D'autant que la démographie galopante et son corollaire l'exode rural rendent cruciale la solution. Les nombreuses formules initiées par les pouvoirs publics, comme le LSP, le logement social locatif (LSL) et présentement l'AADL n'ont pu désamorcer la crise de logement. Alors que de l'autre côté, et tout le monde l'aura remarqué, et certains même le vivent, des centaines de logements restent fermés ou seulement occupés par deux ou trois personnes. Généralement, des maisons familiales qui comptent deux ou trois étages et une bonne douzaine de chambres n'hébergent que deux personnes au troisième âge. Par ailleurs, le vieux bâti, avec un nombre très important, bien que menaçant ruine, refuse de céder le pas devant le logement moderne. Pourquoi tarde-t-on à substituer à l'ancien bâti un nouveau, capable d'héberger un plus grand nombre de personnes, ce qui tend indéniablement à infléchir la demande ? A Meskiana, une opération de réhabilitation du vieux bâti a déjà été enclenchée, ce qui confère à la cité un aspect plus avenant et réduire un tant soit peu la crise. Pour revenir aux lots de terrain non bâtis, certains bénéficiaires mettent en avant le prix prohibitif des matériaux de construction, auquel s'ajoute celui de la main d'œuvre. «La flambée des matériaux, comme le ciment, la brique, le fer à béton n'est pas pour m'encourager à entreprendre les travaux de mon lot», révèle un père de famille. Et il n'est pas le seul à s'en plaindre.