Il est de notoriété publique que l'Algérien n'est pas en odeur de sainteté avec ses dirigeants. Le désaveu entre eux est si important que le citoyen a fini par négliger, sinon détester tout ce qui provient «d'en haut». La chose intrinsèquement politique demeure évidemment la plus illustrée dans cette désaffection populaire. La situation ne tend pas à s'améliorer. Elle s'aggrave de plus en plus. Les dernières élections communales sont un cas concret à méditer sur la tendance affichée de la pratique politique dans notre pays. Elles n'augurent d'aucun changement positif si souhaité pour la sortir de ses mœurs tant décriées. Et ce sont les tenants du pouvoir à vie qui participent volontairement par des manipulations et des manœuvres outrancières à décrédibiliser l'unique occasion populaire dans le choix de leurs élus. Déjà, l'abstention qui caractérise fortement la quasi-totalité des élections précédentes remet en cause la légitimité des élus à prendre la destinée du citoyen. Il se trouve qu'aux dernières élections municipales en date, des partis politiques vaincus au suffrage deviennent au final des vainqueurs incontestés par la loi. La manigance des uns et la naïveté des autres font que l'impossible n'est pas algérien. Les électeurs du FFS qui ont battu ceux du FLN ont vu le parti FLN déclaré vainqueur et installé aux commandes de la commune de Koléa ! Le même scénario s'est répété à Alger-Centre, où le même parti perdant aux urnes prend la tête de la municipalité en toute «légalité». Ces deux exemples, parmi tant d'autres à l'échelle nationale, renforcent le doute et le pessimisme installés dans l'esprit des Algériens à l'égard du pouvoir politique. Le parti des abstentionnistes devient ainsi la première force sans le moindre pouvoir dans un pays miné par de bizarres contradictions. Par ailleurs, il y a lieu de relever que le recours aux différents parrainages et à l'usage du nomadisme politique sont les deux nouveaux leviers actionnés pour éviter le scandale du bourrage des urnes, devenu grossier et même impossible avec le renforcement des filtres de contrôle à tous les niveaux du scrutin. Seul salut pour les électeurs invétérés, il convient alors de confier sa voix selon le degré de liens familiaux et amicaux des candidats en lice. En attendant la vraie démocratie bâtie sur la loi, les règlements et surtout l'intérêt général assimilés par tous, contentons-nous alors de la «tribucratie» qui convient le mieux encore !