Le projet de faire tourner la planche à billets pour faire face au déficit budgétaire a été divulgué au lendemain de la nomination d'Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement. Depuis, les annonces, les arguments, les critiques les analyses et les mises en garde contre les risques inflationnistes d'une telle mesure se sont multipliés. Les pouvoirs publics, qui ont écarté le recours à l'endettement extérieur, ont trouvé le salut dans la planche à billets, autrement dit le financement non conventionnel (FNC) pour renflouer le Trésor et régler les emprunts obligataires. Cette option a d'ailleurs été retenue dans le plan d'action du gouvernement, qui indique : «L'introduction du financement non conventionnel est l'objet d'un projet de loi portant amendement de la loi sur la monnaie et le crédit. Elle sera mise en œuvre à titre exceptionnel, pour une période transitoire de 5 années, et permettra au Trésor d'emprunter directement auprès de la Banque d'Algérie, pour faire face au déficit budgétaire, convertir certaines de ces dettes contractées auprès de Banques ou d'entreprises publiques, et alimenter le Fonds national de l'investissement, de sorte qu'il puisse concourir au développement économique.» Il s'agit en effet pour le gouvernement de canaliser les ressources du FNC exclusivement vers le budget d'investissement de l'Etat, pour répondre rationnellement aux besoins du développement humain, à la réalisation des infrastructures et à l'accompagnement du développement et de la croissance. Pour cela, il a fallu amender la loi sur la monnaie et le crédit. Un amendement applaudi par les deux Chambres, qui ont donné leur aval pour la modification de l'ordonnance de 2003 en introduisant un article 45 bis qui stipule que «la Banque d'Algérie procède, dès l'entrée en vigueur de la présente disposition, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer, notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds national d'investissement (FNI)». Avant même que la loi n'entre en vigueur, le Premier ministre s'est réjoui de son effet. «Peut-être que l'Algérie allait se retrouver dans une situation difficile au mois de novembre ou avant la fin de l'année. Avec la révision de la loi sur la monnaie et le crédit, le problème financier est derrière nous maintenant», a assuré Ahmed Ouyahia en octobre dernier en marge d'une réunion du bureau national du RND, tenue avant-hier. Aujourd'hui, après avoir eu le feu vert, il continue à se réjouir de son impact. Samedi, à l'ouverture de la Tripartite Gouvernement-UGTA-Patronat, il a tenu à préciser que le FNC a permis d'atténuer les effets de la crise financière. Il a ainsi annoncé que le recours à une telle solution a permis de régler, pas moins de 270 milliards de dinars de créances détenues par les entreprises de réalisation sur l'Etat et a permis à l'Etat d'injecter 1000 milliards de dinars au titre du rachat des dettes bancaires de Sonelgaz et des titres du Trésor émis au profit de Sonatrach. Auparavant, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a précisé à l'APS que l'opération de tirage des billets de banque a débuté récemment, affirmant que le déficit du Trésor public pour l'année 2017, qui s'élevait à 570 milliards de dinars, a été pris en charge grâce à ce mécanisme ardemment défendu par ses concepteurs.