Ayant un œil sur la présidentielle de 2019, Djamel Ould Abbès confirme, à nouveau, qu'il veut barrer la route d'El Mouradia au secrétaire général du RND. Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, multiplie les pressions sur le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Alors que, publiquement, il affirme qu'il «ne nourrit aucune animosité à l'égard du premier responsable du gouvernement», en catimini le patron du FLN œuvre à l'affaiblir davantage. Ayant un œil sur la présidentielle de 2019, Djamel Ould Abbès confirme, à nouveau, qu'il veut barrer la route d'El Mouradia au secrétaire général du RND. C'est dans cet objectif qu'il a convoqué, mercredi dernier, une réunion des cadres de son parti. Une réunion destinée, selon plusieurs titres de la presse nationale, à faire «l'évaluation de l'action du gouvernement durant l'année 2017». Une première depuis l'avènement du pluralisme politique. En effet, Djamel Ould Abbès a convoqué pour cette rencontre des membres de la commission des finances de l'APN qui appartiennent au FLN, des membres de la commission des ministres du parti (anciens ou nouveaux) et des responsables du bureau politique. Ces derniers ont été chargés de «juger notamment l'action du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour voir s'il a bien respecté le programme du président Bouteflika». Les participants sont appelés, ensuite, à élaborer une prospection pour 2018. «Le FLN a un rôle central à jouer en 2018 et ce, dans tous les domaines : politique, économique et culturel», insiste Djamel Ould Abbès, rappelant que son parti est sorti «vainqueur» des dernières élections locales. «Après le grand succès aux élections, le parti a un rôle important à jouer. Certes, c'est un accompagnateur de l'Exécutif, mais il est aussi une sentinelle ! Notre lien avec nos autres partenaires, c'est le programme du président de la République», lance-t-il, en appelant aussi à faire le bilan du quatrième mandat. L'allusion de Djamel Ould Abbès est claire. Il vise le RND et son secrétaire général qui ont réalisé aussi une percée durant les locales du 23 novembre dernier. C'est ce qui fait trembler, peut-être, le FLN et ses proches, qui seraient, sans nul doute, à l'origine des dernières rumeurs évoquant le limogeage d'Ahmed Ouyahia et le changement de gouvernement. En tout cas, il n'y a pas d'autres explications à cette offensive de Djamel Ould Abbès qui s'érige en gardien «du temple Algérie». Avant la réunion de mercredi dernier, le secrétaire général du FLN est allé jusqu'à convoquer «une tripartite parallèle» pour, dit-il, «défendre les entreprises publiques». Certes, il s'est «dégonflé» le jour de ladite rencontre, mais il ne l'a pas regretté. Pis encore, il affirme que la convocation de cette tripartite «a été commandée d'en haut». De la présidence ? Il ne dit rien. Mais il a toujours affirmé que «le président Bouteflika est le président du FLN et que ce dernier est l'Etat». Ces agissements gêneront, sans doute, Ahmed Ouyahia. Résistera-t-il pour longtemps ? Le front social : une autre pression Outre l'offensive du FLN, Ahmed Ouyahia fera aussi face à la pression du front social qui lui donne du fil à retordre en ce début d'année 2018. Et cette pression risque de monter crescendo. Effectivement, le Premier ministre et son staff devront faire face à de nombreux mouvements de contestation, dont ceux qui sont déjà en cours depuis le début du mois de janvier. La protesta prend plusieurs formes, obligeant ainsi l'Exécutif à réagir à chaque fois différemment pour maîtriser la situation. L'Exécutif résistera-t-il à la pression de la rue ? Aura-t-il les moyens de répondre à toutes les revendications ? Si à la fin de l'année 2017 le pouvoir a réussi à contenir les manifestations pour la promotion de la langue amazighe en décrétant Yennayer comme fête nationale chômée et payée et en annonçant de nouvelles mesures pour satisfaire cette revendication, la tâche s'annonce difficile pour l'année en cours. Le gouvernement est appelé d'abord à gérer la crise dans le secteur de la santé, marquée par la grève des médecins résidents qui exigent la satisfaction de leur plateforme de revendications, notamment l'abrogation du service civil et la dispense du service national. Les réactions du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, n'ont pas calmé la colère de cette catégorie de médecins. La répression de leur marche à Alger, le 3 janvier dernier, n'a fait qu'aggraver le conflit. Après le boycott des examens, les médecins ont organisé de nombreuses marches à travers le pays. Et pour l'instant, aucun signe de dénouement ne se profile à l'horizon. L'année est encore longue et des mouvements de protestation auront aussi lieu dans d'autres secteurs, comme la Fonction publique où les syndicats attendent toujours la satisfaction de leurs revendications. Ouyahia et son gouvernement résisteront-ils jusqu'à 2019 ?