La faculté de médecine de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa a invité le Français d'origine algérienne, le Pr Alim Louis Benabid, neurochirurgien et chercheur au laboratoire Clinatec du CHU de Grenoble, pour donner une conférence ayant pour le thème : «L'homme réparé», où il a présenté la technique dont il est le précurseur, à savoir la stimulation cérébrale profonde. Ce procédé permet de traiter la maladie de Parkinson, mais pas seulement. Ses recherches l'ont conduit également à tester la même technique sur d'autres maladies provoquées par la dégénérescence du système cérébral, comme les dystonies, certains troubles mentaux et épilepsies, les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles alimentaires. Selon le Pr Benabid, ce même procédé pourrait être utilisé pour le traitement des troubles du sommeil ou même pour aider une personne à arrêter de fumer. Avant de présenter la technique qu'il a développée, le conférencier a tenu d'abord à dédier cette conférence à l'artiste Djamal Allam qui était présent à l'auditorium d'Aboudaou aux côtés de l'ex-ministre de la Santé, le Pr Hamid Aberkane. Le Pr Benabid a remonté le temps jusqu'en 1940 pour communiquer sur les méthodes qui ont été mises sur pied par ses prédécesseurs, comme la chirurgie abolative, le traitement médical utilisé à partir de 1963 et la sérendipité, qui procède par la stimulation et qui a été mise au point en 1987. Toutefois, les trois procédures ont toutes montré leurs limites à travers des effets d'absence de constance dans le comportement des patients. Cette somme de connaissances dans le domaine de la neurochirurgie a donné lieu à une «trouvaille qui marche, mais dont le mécanisme reste inexpliqué», à savoir la stimulation cérébrale profonde qui consiste à implanter une électrode de stimulation dans le parenchyme cérébral, localisé de manière très précise dans le cerveau. Cette électrode envoie alors un courant électrique, à une fréquence bien déterminée, pour créer la stimulation qui mettra fin au mécanisme responsable du comportement pathologique du patient. A la fin de sa communication, le Pr Benabid a présenté une vidéo de publicité montrant des modèles de robots fabriqués par l'entreprise de robotique Boston Dynamics, rachetée par les Japonais, afin de donner un aperçu sur ce que devrait être le futur et montrer que les avancées dans le domaine de la médecine doivent s'appuyer sur la technologie afin d'optimiser la prise en charge des malades. «La technologie doit bénéficier à la santé», dit-il, avant d'estimer que «toutes les horreurs qui ont été dites sur les robots sont fausses. J'y vois un aspect positif, une lueur d'espoir pour de nombreux patients». Actuellement, dans certains hôpitaux du monde, des robots assistent des chirurgiens dans les blocs opératoires et d'autres aident les malades à améliorer et à surmonter leurs soucis de santé. Pour ses travaux sur la maladie de Parkinson, le Pr Alim Louis Benabid a reçu plusieurs distinctions, dont les dernières ont été le prix Lasker en 2014, le James Parkinson Award et le prix Victor Horsley Award en 2007. En 2008, il obtient le prix de l'American Academy of Neurology's Movement Discorders Research Award. Huit années avant, il reçoit le prix Claus Joachim Zülch de la Gertrud Reemtsma Foundation de Cologne en Allemagne, ainsi que la distinction du Scientific Award 2000 de l'International Neurobionics. En 1993, il obtient le prix Dehomag pour la robotisation et le prix Electricité et santé de l'EDF, un an plus tard. Selon une biographie express lue à l'occasion, le père de Alim Louis était Ahmed Benabid, médecin du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) et compagnon de route du colonel Amirouche.