Ils se sont affublés de surnoms de scène « Gros » et « Potos » ; ils ne sont pas transparents tels des vitriers ; sur leur feuille le ghetto ; ils retranscrivent des vers « incassables », en zigzaguant entre le mal et les délits ; jeunes, débrouillards et ambitieux, ils sont les princes de la ville de Vitry-sur-Seine(France), les cousins de là-bas qui s'invitent en tapant « l'incruste » chez les tontons et les tatas du bled. Ce sont les rappeurs qui squattent la place du rap maghrébin et français. Rim-K (entendre Karim en verlan), A. P. (pas Associated Press) et Mokobe du fameux groupe de rap français et maghrébin 113 révélé par le tube Tonton du bled. Eh bien sous les auspices de jeunes Algériens d'Izem Prod, le trio infernal du 113 s'est produit, jeudi soir, au Théâtre de verdure d'Alger en drainant une foule considérable de spectateurs. Des inconditionnels de la rime... caractéristique du 113 et au djing recherché et d'excellente facture en matière ainsi que des « smala du bled » venus les encourager. L'apparition du 113, bien que tardive, à presque minuit - quand on aime on ne compte pas - ragaillardira le public commençant à trépigner. Rim-K, entouré de ses « Potos » portant bien leur sobriquet « Gros », A.P. et Mokobe, empâtés mais épatants, réservera un acceuil généreux et familial à son bon public : « Wesh, Wesh, la famille. Cela me fait très plaisir d'être ici. Alger, ça déchire grave ! Tahia Djazaïr ! Envoie le son Poto ! (A l'adresse aux Master T et HD) ». Ils allumeront la faune de hip-hopers avec le titre Les Princes de la ville. Mais sur l'électronique Traffic conçu avec Daf Punk des trémolos étoufferont les micros. « Oh cousin, tu m'agresse ! », lancera Rim-K à la console technique. « Avec Fout la... » (au mot de Cambrone), la bande à Rim-K passera à 113 km à l'heure avec leur hit du moment Un Gaou à Oran, Tonton du bled et son dropping names (Béjaïa City, Zahouania, Oran, Selecto, Michael Jackson...) dédié aux ouled bled, C bip bip ou encore Rachid System. Du coup, c'est le delirium dance dans les gradins. Le concert s'est bouclé par un bis repetitae d'Un Gaou à Oran très -raï-rap et surtout zouk. Tout le monde danse. Il faut savoir se positionner. Cependant en recording (semi-play-back). Il ne manquait que Mohamed Lamine et Zahouania sur Rachid System. La première partie du show a été assurée par le collectif de rap Vaga HH faisant dans le deejeeing, le breackdance et la culture hip-hop à la fibre protestataire et spectaculaire. Un groupe surfant sur une vague de fraîcheur. A encourager !